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COOPERATION: LA CHINE ET L’IRAN, SIGNENT UN ACCORD DE PARTENARIAT STRATEGIQUE

La Chine et l’Iran ont annoncé le 27 mars la signature d’un accord pour les vingt-cinq prochaines années. Il apparaît davantage comme un « signal diplomatique » qu’un réel partenariat commercial, aucun détail n’ayant filtré

Une victoire des défenseurs d’une politique étrangère « tournée vers l’Orient » et une défaite pour les « partisans de l’Occident ».

Ainsi l’agence de presse iranienne Tasnim a-t-elle célébré l’accord conclu samedi 27 mars entre l’Iran et la Chine, à l’occasion d’une visite à Téhéran du ministre chinois des affaires étrangères. Une manière, pour cette agence liée aux Gardiens de la Révolution, d’en souligner la cohérence avec la ligne adoptée depuis quelques années par le guide suprême, Ali Khamenei, en rupture avec l’un des slogans les plus populaires de la révolution iranienne de 1979 : « Ni Ouest, ni Est, République islamique ».

Côté iranien, l’accord a été présenté comme une « feuille de route complète », comportant des « clauses politiques, stratégiques et économiques » pour « vingt-cinq ans de coopération ». En réalité, bien peu d’informations ont filtré sur son contenu. Pourtant, l’été dernier, la fuite d’un document préparatoire à cet accord – en négociations depuis 2016 – avait créé « beaucoup de fantasmes », rappelle l’historien Jonathan Piron, conseiller au sein du centre de recherche Etopia.

Une vente de l’Iran à la Chine

Pékin devait investir « 400 à 600 milliards de dollars » en Iran dans une variété de domaines comme les infrastructures, les télécommunications ou encore les transports ; la présence de militaires chinois sur le territoire iranien était envisagée pour encadrer les projets financés par Pékin, ainsi qu’un droit chinois de préemption sur les projets pétroliers iraniens. Au point que l’opposition iranienne avait protesté contre une « vente de l’Iran à la Chine ».

Rien de tel aujourd’hui. « L’accord est un document ambitieux mais qui ne fournit ni méthodes d’application, ni objectifs mesurables ou même programmes précis », écrit sur Twitter l’historien américain Bill Figueroa, auteur d’une thèse sur les relations sino-iraniennes. « Il appelle à une vague “coopération” par le biais d’un “renforcement des contacts” dans un certain nombre de domaines. » Ce spécialiste soupçonne l’Iran de vouloir surtout donner « une image de puissance », et de « sortir de l’isolement diplomatique » que lui imposent les Etats-Unis.

Nouvelles routes de la soie

Par son terme comme par son contenu, l’accord ressemble d’ailleurs à ceux que la Chine a déjà signés avec plusieurs pays de la région, dont l’Arabie saoudite, remarque de son côté Jonathan Piron. « Il permet à la Chine de rééquilibrer ses relations au Moyen-Orient. Et remet en selle aussi l’accord sur le nucléaire de 2015, dont la Chine est toujours membre et qui prévoyait ce type d’échanges. »

Bien évidemment, ce rapprochement s’inscrit aussi dans la volonté des autorités chinoises de relancer « les routes de la soie », destinées à mieux relier leur territoire au reste du monde. Mais, en l’état, il ne devrait pas permettre au président Hassan Rohani – et au camp des conservateurs modérés – de redorer leur bilan économique à la veille des élections présidentielles.

kemebrama@hotmail.com

Texte d’Anne-Bénédicte Hoffner, le 29/03/2021 à 19:07

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