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CORONAVIRUS: L’AFRIQUE ESPERE PROFITER DES LEÇONS D’EBOLA

Pour faire face au coronavirus, les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de fragiles systèmes de santé publique, mais ils peuvent s’appuyer sur l’expérience acquise au cours des précédentes épidémies d’Ebola en République démocratique du Congo et en Afrique de l’Ouest.

En 2014-2016, plus de 11.000 personnes sont mortes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone essentiellement, pendant la pire épidémie d’Ebola jamais enregistrée. A l’époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait été accusée de retard dans sa réponse.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus partie de Chine, qui a déjà fait plus de 3.000 morts dans le monde, seuls deux cas ont été officiellement confirmés en Afrique subsaharienne, au Nigeria la semaine dernière et au Sénégal lundi. Quelques cas ont aussi été enregistrés dans le nord du continent.

« Les épidémies d’Ebola ont permis aux pays (africains) d’avoir des bases sur lesquelles on s’appuie pour la préparation au Covid-19 », affirme Michel Yao, joint par l’AFP à Dakar.

Le directeur Afrique des programmes d’urgence de l’OMS cite la mise en place de systèmes de détection aux frontières des cas suspects, via une prise de température, et de structures d’isolement et de traitement dans les aéroports.

« Les ministères de la Santé ont maintenant l’obligation d’appliquer le Règlement sanitaire international (RSI, remontant à 2005), c’est-à-dire être en mesure de faire remonter précocement les épidémies et les cas, via le ministère, au niveau de l’OMS », a indiqué sur RFI le directeur des Affaires internationales de l’Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard.

« Avec l’épidémie d’Ebola, on peut partir du principe que les systèmes de santé, les plateformes de coopération et communication et le +monitoring+ (suivi des cas) se sont développés », confirme Dorian Job, médecin basé à Dakar, responsable de programmes pour MSF aux Burkina, Niger, Nigeria et Cameroun.

« Il y a une meilleure surveillance, un meilleur suivi et cela va certainement aider », ajoute-t-il.

– 78 dollars –

Confrontés à des maladies multiples (paludisme, choléra, rougeole….), les pays africains se caractérisent par des systèmes de santé publique très précaires.

D’après la Banque mondiale, les dépenses de santé s’élevaient en 2016 à 78 dollars par habitant en Afrique subsaharienne, pour une moyenne mondiale de 1.026 dollars (avec des pointes à 9.351 dollars en Amérique du nord, et 3.846 dans l’Union européenne).

Le coronavirus arrive au moment où une autre « urgence de santé publique de portée internationale » frappe le continent: une nouvelle épidémie d’Ebola a en effet tué 2.264 personnes depuis août 2018 dans l’est de la République démocratique du Congo.

Aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis près de deux semaines, mais les autorités doivent encore attendre 42 jours au total sans nouveaux cas pour déclarer la fin de l’épidémie.

Déjà mobilisées par Ebola, les autorités sanitaires congolaises prennent, pour prévenir l’arrivée du coronavirus, la température des voyageurs dès leur descente d’avion à l’aéroport de Kinshasa, ou quand ils traversent le fleuve Congo pour Brazzaville, la capitale du Congo voisin.

« Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l’hygiène et le lavage des mains », détaille le professeur congolais Jean-Jacques Muyembe, chef de la riposte anti-Ebola.

Avec l’aide financière du Japon, Kinshasa vient aussi d’inaugurer un « centre de diagnostic et de recherche » au sein de son Institut national de recherche biologique (INRB).

Début février, seuls l’Afrique du Sud et le Sénégal disposaient de laboratoires pour tester des cas présumés de coronavirus. L’OMS a fourni depuis des équipements à une quarantaine de pays.

En Afrique de l’Ouest, les systèmes de santé sont encore marqués par la plus grave épidémie d’Ebola de l’histoire.

« Notre préparation est meilleure du fait des leçons apprises pendant la crise Ebola », affirme au Liberia le directeur général de l’Institut national de santé public, Mosoka P. Fallah.

« La population veut nous donner des informations, explique-t-il. Nous avons même plus de données que prévu, car les Libériens ont encore l’expérience d’Ebola en tête ».

MSN.COM

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