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COTE D’IVOIRE : LE PARTI DU PRESIDENT OUATTARA PLACE SES PIONS POUR LA PRESIDENTIELLE DE 2020

Le Rassemblement des républicains (RDR), parti du président Alassane Ouattara, a voté samedi pour la formation d’un « parti unifié » avec ses alliés du PDCI, et pour une primaire avant la présidentielle de 2020.

À deux ans de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le parti présidentiel a fait un premier pas pour sa fusion avec les autres formations de la coalition au pouvoir. Réuni samedi 5 mai à Abidjan pour son quatrième congrès extraordinaire, le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara a massivement voté pour la formation d’un grand « parti unifié », notamment avec le puissant Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié (HKB).

Annoncé depuis plus d’une décennie, cette fusion, serpent de mer de la politique ivoirienne, permettrait au Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir qui regroupe le RDR et le PDCI, de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2020. Elle est sans cesse retardée, notamment à cause des atermoiements du PDCI, qui réclame l’assurance que l’un de ses membres sera le candidat désigné. Le parti a en effet soutenu Alassane Ouattara lors des deux derniers scrutins, et estime que son tour est venu.

« Le PDCI présentera au RHDP un candidat en 2020, en souhaitant l’appui de ses alliés, compte tenu des sacrifices qu’il a consentis [aux élections présidentielles] en 2010 et 2015 », affirmait en avril Henri Konan Bédié. Le même mois, un « accord de principe » a été signé entre les deux formations en vue de la fusion, mais les observateurs restent dubitatifs quant à sa mise en application effective.

Exit, le supposé accord d’alternance

« L’égoïsme ne mène nulle part », a lancé Alassane Ouattara, samedi, devant les 20 000 personnes réunies au Palais des sports de Treichville. Selon lui, le nouveau parti devra « poser la base du choix de notre prochain candidat (…) ce sera un choix démocratique. Tout le monde pourra être candidat. Le meilleur d’entre nous sera désigné ». Exit, donc, le supposé accord tacite d’alternance entre les deux ténors de la coalition. Pour Ouattara, qui a massivement misé sur la croissance de son pays depuis la fin de la crise politique de 2010-2011, l’heure est à la « stabilité politique » et au « développement économique ». Un congrès exécutif pour la formation du parti unifié devrait se tenir « dans les prochaines semaines », et l’hypothèse d’une primaire du RHDP est sur toutes les lèvres.

Le PDCI, qui dispose de 77 députés sur 255 au sein de la coalition (contre 127 pour le RDR), doit statuer le 12 mai sur le parti unifié. Samedi, le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, représentant HKB, a affirmé que  » le PDCI fera sa part du chemin ». Mais de nombreux cadres du parti ont fait savoir qu’ils étaient hostiles au projet tant que le RDR ne promet pas de soutenir un candidat PDCI à la présidentielle.

S’il est encore trop tôt, à deux ans de l’élection, pour pronostiquer, certains noms de candidats potentiels ont émergé. Alassane Ouattara, 76 ans, affirmait en 2016 qu’il ne comptait pas se représenter, son règne étant en principe limité à deux mandats. Mais une imprécision dans la nouvelle Constitution, approuvée il y a deux ans par référendum, laisse aujourd’hui planer le doute. Côté RDR, le président de l’Assemblée nationale et depuis peu vice-président du parti, Guillaume Soro, est le plus populaire. Son rival, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, préféré par Ouattara, est aussi fréquemment cité. Côté PDCI, où Henri Konan Bédié, 84 ans, fait plus figure de mentor et de stratège que d’acteur politique actif, le vice-président Daniel Kablan Duncan pourrait partir favori.

Montée en puissance des indépendants

Mais encore faut-il que la coalition, avec ou sans parti unifié, conserve ses rangs. Les sénatoriales au suffrage universel indirect de mars 2018 ont vu les listes indépendantes, composées en partie de dissidents du PDCI et du RDR, l’emporter dans les circonscriptions de Bouaké et Yamoussoukro, deux grandes villes normalement acquises au RHDP. « C’est la déception la plus totale. Nous n’avons pas compris comment certains [élus du RHDP] ont pu nous lâcher pour aller voter pour les indépendants. C’est dur, mais nous acceptons cette défaite et les conséquences risquent d’être graves », avait reconnu Bazoumana Barro, conseiller municipal à Bouaké.

Le pouvoir, qui s’est montré incapable de régler le problème des mutineries récurrentes dans l’armée en 2017, notamment à Bouaké, commence à payer ses erreurs de gestion de politique intérieure, qui favorise la capitale économique Abidjan au détriment du reste du pays.

Le RHDP reste néanmoins pour l’instant largement prédominant dans la politique ivoirienne. le principal parti d’opposition, le Front patriotique ivoirien (FPI) est très divisé : une partie contestataire du parti, pro-Gbagbo (l’ancien président emprisonné à La Haye depuis 2011) appelle systématiquement au boycott des suffrages, et la frange plus progressiste ne dispose que de trois députés à l’Assemblée nationale.

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