Les nouveaux cas de Covid-19 explosent aux États-Unis, alors que le pays est entièrement déconfiné. Les Etats du Sud du pays sont les plus touchés.
Alors qu’en Europe, les débats se concentrent sur le déconfinement et le risque d’une seconde vague, la situation aux Etats-Unis est bien différente. « Nous sommes dans la première vague. Sortons de la première vague avant d’avoir une deuxième vague », a estimé l’immunologiste en chef de la Maison-Blanche, Anthony Fauci. Si l’épidémie ne fait plus rage dans l’Etat de New York comme en avril, elle s’est déplacée sur le territoire national, à tel point que les nouveaux cas explosent, alors que l’intégralité du pays est maintenant déconfinée.
Près de 36.000 nouveaux cas en 24 heures
Mercredi, le nombre de nouvelles infections quotidiennes s’est rapproché de ses niveaux records, avec près de 36.000 cas en 24 heures. Avec leurs 330 millions d’habitants, les Etats-Unis affichent le pire bilan du monde en valeur absolue : plus de 120.000 morts et près de 2,4 millions de cas détectés.
Selon le décompte du New York Times, le nombre de nouveaux cas augmente dans 27 Etats, soit plus de la moitié des Etats du pays. Ils se concentrent pour la plupart dans la moitié sud du pays, entre la Californie et la Floride :
- Le Texas, qui avait très vite entamé son déconfinement début mai, a ainsi enregistré mercredi 5.551 nouvelles infections. Le nombre d’hospitalisations a doublé au cours du dernier mois et les hôpitaux craignent d’être submergés. « Si nous sommes incapables de ralentir la progression dans les prochaines semaines, nous devrons revoir dans quelle mesure les commerces peuvent rester ouverts », a averti le gouverneur, Greg Abbott. « Car si elle n’est pas contenue dans les deux semaines à venir, elle échappera à tout contrôle », a insisté l’élu républicain, incitant tous ceux qui doivent sortir à porter un masque, sans pour autant l’avoir rendu obligatoire dans son Etat.
- Même inquiétude en Floride, où les images du retour à la plage des touristes peinent à cacher une situation de plus en plus critique. L’Etat a également enregistré un record de nouvelles infections (5.508). Il avait passé lundi la barre des 100.000 cas détectés de coronavirus. Le gouverneur Ron DeSantis a déploré la « véritable explosion de nouveaux cas chez les plus jeunes ». Et il a ajouté une sérieuse mise en garde dans ce haut lieu de la fête : les bars et restaurants ne suivant pas les règles de distance physique risquent de perdre leur licence de vente d’alcool. Depuis mardi, le port du masque a été rendu obligatoire à Miami et une dizaine de villes de la région.
- Plutôt épargnée dans un premier temps, surtout au vu de la taille de sa population, la Californie fait aussi face à une hausse importante des nouveaux cas. L’Etat a battu un nouveau record pour le troisième jour consécutif mercredi, avec plus de 7.100 nouveaux cas recensés. « Nous ne pouvons pas continuer comme nous l’avons fait ces dernières semaines (…). Certains d’entre nous ont eu un petit coup d’amnésie, d’autres ont franchement baissé la garde », a averti le gouverneur de Californie, Gavin Newsom. Le port du masque est désormais devenu obligatoire en public dans tout l’Etat.
- Un record a aussi été franchi mardi en Arizona, où le nombre de cas a été multiplié par quatre depuis la levée du confinement le 15 mai. Résultat : plus de huit lits sur dix en soins intensifs étaient occupés en début de semaine (84%), laissant craindre un engorgement dramatique. L’Oklahoma, Etat qui a accueilli le meeting de Donald Trump samedi à Tulsa, connaît aussi un fort rebond : +255% de nouveaux cas en deux semaines. Plusieurs membres de l’organisation du meeting et du Secret Service, le groupe de protection du président américain, ont d’ailleurs été testés positifs ces derniers jours.
Le pic des infections est encore loin
Les Etats-Unis sont donc coupés en deux, puisque dans une vingtaine d’Etats, le nombre de nouveaux cas stagne ou diminue. Ils se concentrent pour la plupart dans le Nord et l’Est du pays, qui ont été frappés en premier. A New York par exemple, la courbe épidémique ressemble de près à celle des pays européens : elle a formé un pic en avril avant de retomber et de s’aplanir peu à peu. La phase 1 du déconfinement a d’ailleurs eu lieu il y a deux semaines. Cet Etat, comme le New Jersey ou le Connecticut, a décrété mercredi une quarantaine pour les personnes venant de certains Etats où l’épidémie accélère.
Pour l’heure toutefois, la courbe du nombre de morts quotidiens continue de décroître, notamment parce que les nouveaux cas touchent des populations plus jeunes. Mais le Dr Fauci s’inquiète de la poursuite de l’épidémie : « Les jeunes sont infectés en premier, puis ils rentrent chez eux, et ensuite ils infectent les personnes âgées. Les personnes âgées ont des complications, puis elles se rendent à l’hôpital », a-t-il déclaré. « Le taux de mortalité est toujours en retard de plusieurs semaines par rapport au taux d’infection. »
Citée par l’AFP, l’épidémiologiste Rebecca Fischer prévient elle aussi que le pic des infections est encore loin. Les mesures qui limitent la propagation du virus devraient « idéalement » être en place « le plus longtemps possible », estime-t-elle. Un scénario qui n’a pas les faveurs de la Maison-Blanche, alors que Donald Trump a repris sa campagne. Mardi en Arizona, il a vanté le mur à la frontière du Mexique, qui avait, selon lui, « arrêté le Covid ».