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COVID-19: LE PAKISTAN RECHERCHE 100 000 TABLIGHIS POTENTIELLEMENT CONTAMINES APRES UN RASSEMBLEMENT GÉANT

Le Samedi 4 avril, les autorités de la république islamique, ont annoncé avoir lancé des recherches pour retrouver des dizaines de milliers de croyants, ayant participé du mardi 10 au jeudi 12 mars, à une itjema, c’est à dire, un rassemblement géant tablighi, un mouvement rigoriste musulman. Désormais éparpillés dans tout le pays et à l’étranger, ces derniers pourraient avoir contracté, lors de l’événement, le coronavirus.

L’envergure de l’événement, alors même que le monde entier commençait déjà à l’époque à interdire ou suspendre tous les rassemblements, fait craindre aux autorités locales un « scénario catastrophe ».

Désormais éparpillés dans tout le pays et à l’étranger, ces derniers pourraient avoir contracté le coronavirus. « Les autorités de tous les districts tentent de (les) retrouver », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) le bureau du chef de l’administration de Lahore (Pendjab), capitale de l’Est pakistanais. Alors qu’environ « 100 000 personnes » y auraient afflué, quelque 7 à 8 000 participants ont déjà été placés en quarantaine dans la province, parmi lesquels plus de 900 étrangers – Chinois, Nigérians, Afghans, Turcs…, indiquait-il encore.

« Entêtement du clergé »

Un membre du gouvernement de la province voisine du Sindh (Sud) a quant à lui fait état de « 300 à 400 pèlerins (tablighis) s’y baladant » et de quelques centaines de confinés. Il a déploré la non-interdiction du rassemblement tablighi, voué sans surprise, selon lui, à devenir « une source majeure de propagation de l’infection »

.Au moins 154 tablighis ont jusqu’ici été testés positifs au Covid-19 dans le Pendjab et le Sindh, dont au moins deux sont morts après avoir participé à l’itjema, selon un bilan officiel de la république islamique.

Au total, 41 personnes auraient péri dans le pays de 200 millions d’habitants, dont le système de santé est en déshérence. Et la propagation du virus, à partir de ce nouveau cluster, ne s’est pas arrêtée aux frontières pakistanaises. Dans la bande de Gaza – où la plupart des infrastructures sanitaires sont dans un état catastrophique -, les deux premiers contaminés déclarés dans l’enclave avaient également participé à événement, d’après la représentation palestinienne à Islamabad.

Également interrogé par l’AFP, le ministre de la Science Fawad Chaudhry s’est emporté contre « l’entêtement du clergé », notamment tablighi. « Chaque groupe qui n’adhérera pas aux recommandations du gouvernement et poursuivra ses activités deviendra un danger pour les autres », a-t-il martelé.

Le rassemblement de mars, auquel assistaient des pèlerins originaires de 70 pays, avait été interrompu au bout de deux jours alors qu’il devait en durer cinq, a fait valoir un cadre du mouvement international tablighi.

« Irresponsabilité »

Rendre les membres de la communauté responsables de la pandémie relève de l’« ignorance » et de l’« irresponsabilité », a de son côté dénoncé un prêcheur tablighi renommé, Naeem Butt, dans la presse. « Des matchs de cricket se sont tenus dans des stades après notre rassemblement. Pourquoi personne ne s’en prend à eux ? » a-t-il protesté

En Inde, un rassemblement tablighi à New Delhi, le siège de la congrégation, auquel des milliers de fidèles avaient participé, a également provoqué une traque de ses participants, après qu’au moins dix tablighis indiens sont morts du Covid-19. Un autre rassemblement en mars à Kuala Lumpur avait également abouti à des centaines de contaminations dans une demi-douzaine de pays, dont la Malaisie.

« L’ADN du mouvement tabligh, depuis toujours, ce sont le rassemblement et les missions » d’évangélisation, a décrypté auprès de l’AFP Moussa Khedimellah, sociologue français spécialiste des tablighis, « comme tout mouvement charismatique, ils sont dans une vision mystique. Ils font passer leur foi avant la science…».

Malo Tresca (avec AFP), le 06/04/2020 à 06:31 Modifié le 06/04/2020 à 08:50

 

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