Ses partisans louent ses effets salutaires pour la préservation de la
liberté d’expression, contrairement à ses détracteurs qui fustigent
sa visée oppressive des plus sournoises, la loi sur les médias
sociaux adoptée lundi par le parlement égyptien est applaudie des
deux mains ou conspuée, selon que l’on soit du côté des pro ou des
anti-Sissi.
Laissant les coudées franches aux pouvoirs publics pour bloquer
les réseaux sociaux et les poursuivre en justice, y compris les
géants Facebook ou Twitter, empêcher que les « fake news » s’y
répandent et sanctionner les journalistes tenus responsables de
leur création et propagation, l’esprit et la lettre de loi, marquée du
sceau du despote Abdel Fattah al-Sissi, ne trouvent un écho
favorable qu’au sein de ses fervents sympathisants.
Supervisée par la Haute Autorité chargée de l’administration des
médias dont le responsable a été nommé par l’homme fort du pays,
la loi contre les informations fallacieuses masque mal ses intentions
douteuses pour ses farouches opposants. A leurs yeux, elle est le
fait du prince et poursuit un double objectif pernicieux : étendre le
pouvoir étatique sur les médias sociaux, tout en donnant un cadre
légal à une répression de la dissidence qui ne dit pas son nom.
Au cours de ces derniers mois, des centaines de sites d’information
et de blogs ont été bloqués d’une main de fer par les autorités
égyptiennes, tandis qu’une douzaine de personnes étaient
interpellées, parmi lesquelles figuraient des journalistes et autres
bêtes noires du gouvernement. Tous étant accusés d’avoir généré
et colporté des « fake news », selon la définition pour le moins
sujette à caution, pour ne pas dire fallacieuse, qu’en donne
l’Egypte placée sous la férule d’Al-Sissi.