L’Organisation de la coopération islamique a appelé, vendredi, à l’envoi d' »une force de protection internationale » pour les Palestiniens après le bain de sang de Gaza, lors d’un sommet extraordinaire à Istanbul convoqué par Recep Tayyip Erdogan.
Les pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ont demandé vendredi l’envoi d' »une force de protection internationale » dans les Territoires palestiniens après le bain de sang de Gaza, lors d’un « sommet extraordinaire » à Istanbul convoqué par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Selon le communiqué final du sommet, les représentants des 57 pays regroupés au sein de l’OCI, ont précisément appelé à « une protection internationale pour le peuple palestinien, y compris par l’envoi d’une force de protection internationale ».
L’OCI tire à boulets rouges sur Israël et les États-Unis
L’organisation a en outre condamné « en les termes les plus forts les actions criminelles dans forces israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, notamment dans la bande de Gaza », où près de 60 Palestiniens sont morts lundi sous les balles israéliennes en manifestant contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Le texte accuse l’administration américaine « de soutenir les crimes d’Israël, y compris en le protégeant au Conseil de sécurité de l’ONU ».
Il épingle aussi Washington pour le transfert de son ambassade à Jérusalem, y voyant un « acte de provocation et d’hostilité contre la nation islamique ». Les pays membres appellent l’ONU à mettre sur pied « une commission d’enquête internationale » pour faire la lumière sur le bain de sang de Gaza.
A l’ouverture du sommet, Recep Tayyip Erdogan, champion autoproclamé de la cause palestinienne, qui tire à boulets rouges sur Israël depuis lundi, a comparé le traitement réservé par l’Etat hébreu aux Palestiniens de Gaza à la persécution des Juifs par le régime nazi.
« Il n’y a pas de différence entre les atrocités subies par le peuple juif en Europe il y a 75 ans et la brutalité dont souffrent nos frères à Gaza », a lancé le président turc. Il a accusé les dirigeants « d’un peuple qui a subi toutes sortes de tortures dans les camps de concentration durant la Seconde guerre mondiale » d’attaquer les Palestiniens « en usant de méthodes similaires à celles des nazis ».
Erdogan vent debout contre Israël
Avant d’ouvrir le sommet, Recep Tayyip Erdogan avait reconnu devant des milliers de manifestants venus participer, dans le centre d’Istanbul, à un immense rassemblement populaire de soutien aux Palestiniens, que le monde musulman avait « échoué dans le test de Jérusalem », n’ayant pas réussi à empêcher le transfert de l’ambassade américaine vers la ville sainte depuis Tel-Aviv.
« Les violations commises (par Israël) à Jérusalem et en Palestine s’expliquent par les divisions et les différends entre les musulmans eux-mêmes », a-t-il ajouté. « Nous devons nous sacrifier pour défendre nos lieux saints. Si nous devions nous unir, Israël ne pourrait pas poursuivre ses violations », a encore dit le président issu de la mouvance islamo-conservatrice. Il s’en est également pris au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, un « tyran immoral », selon lui.
Le « sommet extraordinaire » de l’OCI s’est tenu au moment où le monde arabo-musulman est miné par des divisions et des rivalités qui rendent peu probables des mesures concrètes à l’égard d’Israël.
L’Arabie saoudite, dont le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir était présent à Istanbul, et ses alliés du Golfe ainsi que l’Égypte, voient d’un mauvais œil le soutien de la Turquie à des mouvements comme les Frères musulmans et le Hamas, ainsi qu’au Qatar, qu’ils cherchent à isoler.
Ryad et ses alliés, qui semblent avoir assoupli leurs positions vis-à-vis d’Israël, seraient en outre réticents à d’éventuelles actions susceptibles de heurter l’administration Trump, dont ils espèrent le soutien pour endiguer l’Iran chiite, qu’ils voient comme la principale menace dans la région.
Parmi les chefs d’État qui ont assisté au sommet figurent le roi Abdallah de Jordanie, le président iranien Hassan Rohani, son homologue soudanais Omar el-Béchir, ainsi que les émirs du Qatar et du Koweït.