PORT-AU-PRINCE (Reuters) – Le groupe d’assassins ayant abattu le président haïtien Jovenel Moïse était composé de 26 Colombiens et de deux Américains d’origine haïtienne, ont annoncé jeudi les autorités haïtiennes, ajoutant qu’elles traquaient toujours les commanditaires du meurtre.
Jovenel Moïse, 53 ans, a été assassiné par ceux que les autorités ont décrit comme un groupe de tueurs professionnels, plongeant le pays caribéen dans un chaos encore plus profond, sur fond de divisions politiques, de famine et de flambée des violences entre gangs.
Les forces de l’ordre avaient localisé mercredi les suspects dans une maison située à proximité du lieu du crime à Petionville, une banlieue du nord de la capitale Port-au-Prince. Au terme d’une importante fusillade, plusieurs suspects ont été placés en détention.
Le chef de la police Leon Charles, a présenté 17 hommes aux journalistes lors d’une conférence de presse jeudi, montrant des passeports colombiens, des fusils d’assaut, des machettes et des talkies walkies.
Parmi ces derniers, figurent un certain Manuel Antonio Grosso Guarín. Il était, jusqu’en 2019, l’un des soldats les mieux entraînés de l’armée colombienne. Il aurait notamment reçu une formation spéciale avec des instructeurs américains, selon El Tiempo qui précise qu’il avait été affecté au « groupe des forces spéciales antiterroristes urbaines ». « Ses collègues avaient perdu sa trace jusqu’à ce qu’ils le revoient, allongé sur le sol et menotté, dans une base militaire de Haïti », précise le quotidien.
« Des étrangers sont entrés dans notre pays pour tuer le président », a déclaré Leon Charles. « Il s’agit de 26 Colombiens et de deux Américains d’origine haïtienne. »
Le chef de la police a ajouté que trois des assaillants avaient été tués lors de la fusillade mercredi et que huit autres étaient encore en fuite.
Le ministre colombien de la Défense Diego Molano a déclaré dans un communiqué que selon les premières constatations, les Colombiens impliqués dans l’assassinat étaient des militaires à la retraite. Il a ajouté que Bogota coopérerait à l’enquête.
Le directeur de la police nationale colombienne, Jorge Luis Vargas, a dit avoir reçu des demandes de renseignements déposées par Haïti sur six des suspects. Deux d’entre eux ont été tués dans la fusillade de mercredi et les quatre autres sont en détention.
Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a annoncé que 11 des suspects avaient été arrêté dans son ambassade à Haïti après s’y être introduits.
Le ministre haïtien chargé des élections, Mathias Pierre, a annoncé que les deux suspects américains avaient été identifiés sous les noms de James Solages et Joseph Vincent et sont âgés respectivement de 35 et 55 ans.
Un porte-parole du département d’Etat américain n’a pas pu confirmer si des citoyens américains figuraient parmi les personnes détenues, mais les autorités américaines sont en contact régulier avec les responsables haïtiens, y compris les autorités chargées de l’enquête, pour discuter de la façon dont les Etats-Unis pourraient apporter leur aide au pays caribéen.
par Andre Paultre et Robenson Sanon