Dans le cadre de la réalisation de notre dossier sur la finance islamique, nous avons réalisé interview avec Monsieur Radji Mohamed président du Conseil d’Administration de Raouda Finance.
Cet échange a permis de faire la lumière sur les spécificités et les subtilités de la finance islamique
Un seul système mais des techniques différentes
Pouvez-vous nous présenter les spécificités de la finance islamique?
Nous sommes une institution de finance mais qui a la particularité d’être islamique. Il faut tout de même préciser qu’à travers le monde entier, il existe un seul système financier. Par contre, il y a plusieurs méthodes, plusieurs instruments, plusieurs techniques de financements.
Des techniques dites de financement éthique et solidaire
Pouvez-vous être plus explicite ?
Il existe des techniques dites de financements éthiques et solidaires et à l’intérieur de ce grand groupe, se trouvent les techniques financières islamiques qui reposent sur les principes de la charia fondés sur le coran et les hadiths. C’est donc une technique financière qui intègre la finance mondiale
En ce moment qu’est ce qui marque la différence exacte entre la finance islamique et les autres systèmes ?
Des démarches différentes en termes de techniques bancaires
Dans la finance islamique on demande par exemple, au souscripteur ce qu’il veut faire avec son argent. Ce dernier peut dire qu’il veut acheter un appareil de production qui coûte 1 million. Il nous met en contact avec le fournisseur de ce dit matériel
Nous achetons l’unité de production qu’on lui revend à 1100 000FCFA (un million cent mille CFA) .Au finish notre client va payer 1100 000 FCFA (un million cent mille CFA) comme dans le cadre de la finance classique. Cependant, en termes de technique bancaire, nous avons deux démarches différentes.
Quelles sont ces deux démarches ?
Dans la démarche classique, le calcul se fait avec une formule mathématique qui varie en fonction du temps, de la capacité de remboursement, du souscripteur
Le système de la Mouharaba
Dans le cadre de la finance islamique, l’avoir de l’opérateur financier est fixe. Le système fonctionne comme dans une action commerciale. L’opérateur financier a acheté un produit qu’il vous le revend en y ajoutant son bénéfice. C’est le système de la Mouharaba que nous avons expliqué antérieurement
Voilà de manière schématique, la différence entre les deux systèmes.
En dehors de ces deux cas de figures, n’existe-t-il pas d’autres démarches?
Effectivement il en existe
La démarche du crédit-bail
Dans un premier cas de figure, Il y a une technique financière qui ressemble à la démarche du crédit-bail .A ce niveau, l’opérateur financier met à la disposition du souscripteur un actif .Et ce dernier va payer un loyer jusqu’à terme et puis peut-être, un franc symbolique pour l’option d’achat.
Le capital risque
Dans un deuxième cas de figure, on peut évoquer le cas du capital risque
A ce niveau, le souscripteur a une activité de même qu’une expertise; mais, il n’a pas d’argent .L’opérateur financier s’associe à certains partenaires avec qui il constitue un fonds. Ensemble, Ils vont vers le souscripteur et ils réalisent l’activité
The winner ‘s angle
Dans ce même registre, l’operateur a de l’argent et s’associe à un souscripteur et ensemble, ils réalisent l’activité .Cette opération ressemble un peu à ce qu’on appelait à l’époque the winner ‘s angle. C’est à dire que qu’un investisseur arrive avec son argent; il finance une Start-up pour accroitre l’activité et puis progressivement s’il veut, il peut se retirer
Le financement du type BOT.
Dans un troisième cas qui s’apparente à un financement du type BOT, un opérateur financier finance un projet pour un souscripteur. Il l’exploite jusqu’à ce qu’il entre en possession de son financement et le rétrocède au souscripteur.
Comme exemple illustratif de ce cas de figure, je me réfère au troisième pont d’Abidjan entre Marcory et la Riviera. Ce pont a été construit par ce type de financement qu’utilise la finance islamique
Dans ce sens donc, les financiers vont exploiter le pont Henry Konan Bédié jusqu’à ce qu’ils entrent en possession de leurs investissements puis vont livrer l’ouvrage à la Côte d’Ivoire
Propos recueillis par kemebrama@hotmail.com