A Halabja, la cité phare du Kurdistan irakien, la traditionnelle prière du matin dans la mosquée locale s’achève deux fois par semaine de manière originale et plutôt sportive… L’imam, une fois son prêche fini, laisse en effet volontiers la place à l’un de ses fidèles les plus assidus, qui s’avère être… un professeur d’éducation physique !
Se sentir bien dans son corps et dans sa tête, tel est le credo du très pieux Dara Mahmood, le coach sportif des lieux, qui a audacieusement suggéré de transformer la salle de prière en une salle de fitness, et ce, pour le bien-être de tous.
S’inspirant d’une initiative précurseuse et très stimulante intitulée « Cinq séries de prières, une série d’exercices », qui a rencontré un vif succès en 2017 à Dumlupinar, en Turquie, ce dernier a élaboré un programme d’entraînement spécifique que l’on pourrait appeler, si l’on osait : « Spécial mosquée ».
Un programme visant à dérouiller les muscles des fidèles, de 7 à 77 ans, fait d’étirements, d’assouplissements, mais aussi d’exercices plus toniques, afin de retrouver ou garder la forme, et d’être mieux armé pour lutter contre les douleurs, quelles qu’elles soient, lancinantes ou pas.
Et en plus, c’est bon pour le moral ! Dara Mahmood en est intimement convaincu et ne cesse de le répéter à ses élèves, pendant les deux séances de gym hebdomadaires qu’il supervise au rythme cadencé, d’une durée de 45 minutes chacune.
Deux fois par semaine, la mosquée de Halabja résonne de ses cris d’encouragement pour motiver les troupes, mais aussi de ses conseils avisés et personnalisés, adaptés à chaque cas.
« Les participants ont entre 13 et 75 ans. En fonction de leur état de santé et de leurs attentes, je leur conseille tel ou tel exercice », précise-t-il, tandis que l’un des fidèles, qui fut l’un des plus réticents à suivre ses cours en raison du choix du lieu, a déclaré ressentir les bienfaits de cette pratique régulière du sport. « Personnellement, grâce à ces exercices physiques, la douleur causée par mes maladies chroniques a bien diminué », se réjouit Sarkawt Nuri.
A ceux qui crient au sacrilège, Dara Mahmood répond en vantant les mille et une vertus de sa démarche, effectuée dans le havre de paix d’une mosquée et dans l’intérêt général.
Oumma