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LA CHANTEUSE RIHANNA ACCUSEE DE « BLASPHEME » CONTRE L’ISLAM

La chanteuse Rihanna fait l’objet d’une accusation de « blasphème » envers l’islam. Une chanson reprenant des extraits d’un texte musulman a été diffusée lors d’un défilé de sa marque de lingerie, suscitant des centaines de milliers de messages de colère sur les réseaux sociaux, ainsi que des appels au boycott.

 

C’est une nouvelle controverse, qui ne manquera pas de relancer la question ultrasensible chez les fidèles musulmans du « blasphème » envers leur religion. Sur le banc des accusés : la chanteuse, créatrice et femmes d’affaires Rihanna, accusée d’avoir insulté l’islam, après qu’une chanson de musique électronique reprenant des extraits d’un hadith a été diffusée pendant un défilé de sa marque de lingerie « Savage X Fenty » vendredi 2 octobre.

La chanson mise en cause s’intitule « Doom ». Composé par l’artiste française Coucou Chloé, le titre reprend les mots d’un hadith, qui, dans l’islam, est une parole attribuée au prophète Mohammed ou à l’un de ses compagnons. En l’occurrence, l’extrait controversé est repris d’un texte attribué à Abou Hourayra, considéré dans l’islam sunnite comme l’un des plus grands narrateurs de hadiths. La valeur des hadiths varie selon les courants de l’islam : certains ont acquis une autorité normative permettant d’interpréter le Coran, d’autres ont pour fonction de renseigner sur la vie du prophète Mohammed et d’ériger des principes de conduite pour les croyants.

Une chanson retirée des plateformes

Quelques heures après la diffusion du défilé de lingerie sur la plateforme Amazon Prime Video, des centaines de milliers de messages ont été publiés sur les réseaux sociaux, estimant que la reprise d’un texte religieux dans une chanson profane, utilisée pour animer un défilé d’une marque de sous-vêtements, était irrespectueuse pour les fidèles musulmans. Nombreux sont les croyants francophones qui ont appelé au boycott des produits de Rihanna, exigeant d’elle des excuses formelles.

Mardi 6 octobre, l’artiste de 32 ans s’est publiquement exprimée sur la controverse, plaidant « l’erreur involontaire », déplorant avoir « blessé ses frères et sœurs musulmans », et affirmant qu’elle n’aurait jamais volontairement « manqué de respect à un Dieu ou à une religion ». La veille la compositrice de la chanson, Coucou Chloé avait elle aussi publié un message de remords. Elle assure ne pas avoir eu connaissance de la nature religieuse des extraits sonores utilisés pour créer son titre controversé. « Nous sommes en train de faire disparaître la chanson de toutes les plateformes d’écoute en ligne », a assuré la DJ.

« Une provocation »

En France, cette nouvelle affaire d’accusation de « blasphème » a pris un tour violent, quand le sujet a été débattu dans l’émission « Touche pas à mon poste », diffusée quotidiennement sur la chaîne C8. Lundi 5 octobre, le chroniqueur Gilles Verdez a estimé que l’utilisation de la chanson pendant le défilé de mode était une « provocation » et une « insulte aux musulmans ». Une deuxième chroniqueuse Meriem Debbagh, qui faisait sa première apparition dans l’émission, est montée d’un cran dans la violence : « Moi, je trouve que limite j’ai envie de la tuer… parce que ça ne se fait pas du tout », a éructé cette personnalité tunisienne.

Des propos qui ont fait réagir le présentateur Cyril Hanouna : « On ne peut pas dire ça ! (…) On ne peut pas dire qu’on a envie de la tuer. On parlait de liberté d’expression ces derniers jours et justement c’est une liberté d’expression de choisir la musique qu’on veut pour son défilé ! Vous ne pouvez pas dire ça ! Vous ne pouvez pas dire que vous avez envie de la tuer ! Justement, ça… c’est ce qu’on ne veut pas ! Après, on peut ne pas aimer et ne pas être d’accord ! »

En France, l’attaque, la critique ou la moquerie envers les religions ne sont plus juridiquement condamnables depuis l’adoption de la loi sur la liberté de la presse (1881) qui a aboli le délit de blasphème. Injurier une religion relève de la liberté d’expression. La loi Pleven (1972) protège en revanche les croyants contre la discrimination en raison de leur appartenance religieuse.

Héloïse de Neuville, le 06/10/2020 à 18:26

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