Banjul a déposé plainte contre l’Union du Myanmar, l’accusant de génocide contre la minorité musulmane birmane au nom de l’Organisation de la coopération islamique.
La Cour internationale de justice (CIJ) doit ordonner à l’Union du Myanmar (ex-Birmanie) « de mettre un terme à ses atrocités et à son génocide contre son propre peuple rohingya », a déclaré à La Haye le ministre de la justice gambien, Abubacarr Tambadou, lundi 11 novembre. Banjul accuse Naypyidaw de multiples violations de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide et demande à cette cour des Nations unies, chargée de régler les différends entre Etats, de prendre des mesures d’« extrême urgence ». La Gambie, soutenue par les 57 Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), dénonce « des actes de génocide visant collectivement » la minorité musulmane rohingya, dont des meurtres, des viols et « d’autres formes de violence sexuelle et de cruauté perverse contre les femmes et les filles rohingya ».
La plainte, déposée lundi, se base sur plusieurs missions d’enquête, dont l’une amorcée par l’ONU, qui avait permis la collecte de 600 témoignages, d’images satellites et de vidéos. Le document évoque des « opérations de nettoyage » – terme utilisé par l’armée birmane – lancées dès octobre 2016, suivies d’une longue campagne de propagande au cours de laquelle des parlementaires birmans avaient notamment appelé à une « solution finale » de la question rohingya. En août 2017, plus de 10 000 d’entre eux, résidant à l’ouest du Myanmar, avaient été tués, et 700 000 autres contraints à fuir vers Cox’s Bazar, au Bangladesh voisin. La Gambie réclame pour eux des réparations, dont « un retour digne et sécurisé des Rohingya déplacés de force et le respect de leur citoyenneté et de leurs droits humains ».