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LES DÉCÈS ET LES FORMES GRAVES CONTINUENT DE TOUCHER MAJORITAIREMENT LES GENS AGES

 Même si le décès d’une adolescente de 16 ans a marqué les esprits, les données montrent que les cas les plus graves et les décès touchent toujours les plus de 65 ans : 85 % des morts du coronavirus en France ont 75 ans ou plus.

Les médecins en sont conscients : l’annonce en fin de semaine dernière de la mort d’une adolescente de 16 ans, apparemment sans problème de santé, risque de faire monter l’angoisse dans le grand public. « C’est évidemment terrible mais les formes graves chez les gens jeunes restent toujours aussi minoritaires. Le décès de cette adolescente n’est pas le signe que le virus ait muté ou soit devenu plus dangereux », explique le professeur Bruno Lina, responsable du Centre des virus grippaux Lyon-Sud.

407 morts dans le grand Est, 262 en Île-de-France

©PHOTOPQR/L’ALSACE/Jean-François FREY ; Mulhouse ; 18/03/2020 ; Une infirmière passe devant le service mortuaire de l’hôpital à Mulhouse. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfive084134.jpg) [Photo via MaxPPP]
C’est ce même constat qui émane du point épidémiologique hebdomadaire rendu public le 24 mars par Santé Publique France. À cette date, 1 100 patients hospitalisés en France pour un Covid-19 étaient décédés : 93 % étaient âgés de 65 ans ou plus. La catégorie des « 75 ans et plus » concentrait même 85 % des morts. Parmi ces personnes décédées, on trouvait aussi 58 % des patients ayant une ou des comorbidités, c’est-à-dire une maladie ou un trouble existant avant l’infection au Covid-19.

La répartition des décès suit par ailleurs l’avancée géographique de l’épidémie avec 407 morts dans le grand Est, 262 en Ile-de-France et 109 dans les Hauts-de-France. Les régions où la mortalité est la moins élevée sont la Corse (7 décès), le Centre Val de Loire (9 décès) et les Pays de la Loire (13 décès).

En  la date du 24 mars, 2 516 patients avaient été hospitalisés en réanimation en France. Pour mieux cerner le profil de ces cas graves, Santé publique France a étudié un échantillon de 362 patients pour lesquels 68 services de réanimation ont fourni des données documentées. L’âge moyen de ces cas graves est de 65 ans et 26 % sont âgés de plus de 75 ans. Sur ces 362 patients en réanimation, on trouvait 3 personnes dans la tranche 0-14 ans, 27 personnes parmi les 15-44 ans et 104 sujets parmi les 45-64 ans. Cela montre donc que les gens jeunes ne sont pas épargnés par les formes graves même si cela reste très minoritaire.

Diabète et maladies cardiaques, deux facteurs de risque

Autre constat : tous patients confondus, la majorité des patients (67 %) présentaient au moins un facteur de risque potentiel de complication. Les deux facteurs de risque les plus fréquemment rapportés sont le diabète (23 %) et les pathologies cardiaques (22 %). « On sait depuis le début que le diabète est une comorbidité qui peut fragiliser les patients Covid. Il faut donc dire aux patients diabétiques, qui sont nombreux en France, de bien se protéger sans non plus céder à la panique. Les cas graves surviennent bien souvent chez des gens diabétiques âgés pouvant présenter d’autres problèmes de santé », indique Serge Halimi, professeur de diabétologie au CHU de Grenoble.

 «Nous créons un centre pour les patients atteints du Covid»

Une autre comorbidité, souvent signalée, est l’hypertension artérielle, également très fréquente en France. Et certains spécialistes se demandent si certains traitements (IEC et sartans) de l’hypertension ne pourraient pas aggraver l’état des patients infectés par le coronavirus. « Mais pour l’instant, il n’y a aucune donnée probante dans ce sens. Donc le message à faire passer aux patients hypertendus est de ne surtout pas arrêter leurs médicaments habituels. En cas de fièvre ou de signe d’infection, il faut juste appeler son généraliste ou le 15. C’est un médecin qui devra décider s’il faut ou non modifier le traitement », conseille Claire Mounier-Véhier, professeure de cardiologie au CHU de Lille.

 

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Des urgences de plus en plus sollicitées

Les passages aux urgences : dans la semaine du 16 au 22 mars, on a recensé en France 15 956 passages aux urgences pour suspicion de Covid-19, soit 10 % de l’activité totale. Cet indicateur est en augmentation en comparaison de la semaine précédente : 6 354 passages soit 2,5 % de l’activité totale

Les hospitalisations post-urgences : le chiffre est également en hausse. Dans la semaine du 16 au 22 mars, 5 969 patients ont été gardés à l’hôpital après être passés aux urgences contre 2 066 la semaine précédente. « Chez les 65 ans ou plus, plus de 2 personnes sur 3 sont hospitalisées après un passage aux urgences et chez les 75 ans ou plus, 80 % des patients sont hospitalisés après passage », précise Santé publique France.

Pierre Bienvault, le 28/03/2020

 

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