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LIBERATION DE SOUMAÏLA CISSE ET SOPHIE PETRONIN : QUI A PAYE LA RANÇON ?

Il a fallu à la fois l’intervention des autorités maliennes, et françaises  en collaboration avec les groupes djihadistes pour parvenir à ce résultat.

Après l’enlèvement de Soumaïla Cissé, le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le 25 mars 2019 alors qu’il battait campagne pour les législatives dans sa région de Niafunké, Boubou Cissé, alors premier ministre est approché par Moustapha Limam Chafi. Le Mauritanien, ancien conseiller spécial de Blaise compaoré, est réputé pour ses réseaux au sein des groupes djihadistes dans le nord du Mali et déjà impliqué dans plusieurs libérations d’otages occidentaux au Sahel.

Chérif Ould Attaher en ligne des négociations

Au premier ministre malien, Chafi glisse un nom : celui de Chérif Ould Attaher, un Arabe du  Tilemsi et ex-membre du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui a, lui aussi déjà pris part à plusieurs négociations pour faire libérer des otages ces dernières années. L’ancien premier ministre Boubou Cissé poursuit la démarche le 5 avril 2020 demandant à Ould Attaher de « conduire toutes les démarches, formalités et de conclure tous les actes nécessaires » à la libération de Soumaïla Cissé.

Dans sa mission, l’ex membre du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique est accompagné du colonel Mamadou Lamine Konaré, alors conseiller  du Premier ministre sur les questions du renseignement. La mission des deux hommes sera entérinée par l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et son premier ministre dans le plus grand secret.

La mission va se rendre à Gao dans le désert en direction de Kidal. Sur place, ils rencontrent Sedane Ag Hita, le numéro deux du GSIM. Il les rassure de l’état de santé de Soumaïla Cissé tout en leur remettant une feuille manuscrite comportant deux revendications : la libération de membres du GSIM détenus par les autorités maliennes et le paiement d’une rançon de deux millions d’euros.

 

Pressions françaises

De retour Chérif Ould Attaher et Lamine Konaré rendent compte de leur mission au chef de l’Etat. De même que de la parfaite santé de Soumaïla Cissé. Aussitôt les services français sont informés et demandent la relaxation de Sophie Pétronin. Ils plaident pour que qu’Ahmada Ag Bibi, député de Kidal, reprenne le dossier de Soumaïla Cissé en collaboration avec les services maliens.

Ce notable touareg leur sert déjà d’intermédiaire dans le dossier Pétronin. C’est lui qui a joué un rôle dans les négociations  pour la libération des otages d’Areva et de Vinci enlevés en 2010 au Niger.  En plus de cet intermédiaire, le président Emmanuel Macron a contacté IBK pour  lui demander de confier le dossier  à ces nouveaux intermédiaires. Sans tarder, le chef de l’Etat malien s’exécute. Ag Bibi et la DGSE malienne à travers le colonel Ibrahima Sanogo son chef de renseignement antiterroriste prennent les commandes.

Au fil des négociations une rançon de 10 millions d’euros est désormais revendiquée au lieu de 2 millions d’euros initialement revendiqué.  Le clou de l’affaire tombe le 25 septembre au lendemain de la nomination du président de transition Bah N’Daw et le vice-président. Ces derniers vont accélérer l’opération. Les rançons sont payées sans qu’on ne sache d’où proviennent exactement les fonds. Puis une centaine de prisonniers incuplés pour terrorismes libérés.

Xavier Jaze by Xavier Jaze 12 octobre 20203 min read

 

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