A l’Université Libre de Bruxelles (ULB) vendredi 20 et samedi 21 avril, plusieurs centaines de femmes ont échangé sur l’intérêt, la nécessité ou les conditions d’une alliance entre deux féminismes dits minoritaires : celui des afro-descendantes et celui des musulmanes. Retour sur un colloque inédit qui traduit une nouvelle dynamique féministe franco-belge.
Elles ne sont pas toutes révolutionnaires, anticapitalistes ou anti-impérialistes ; elles se distinguent par des priorités de lutte et des moyens d’actions différents mais les féministes afro et les féministes musulmanes – pour respecter la binarité du colloque – sont d’accord pour ne plus céder aux voix en interne qui les exhortent à tempérer leur combat sous prétexte d’affaiblissement de la cause générale ou de trahison d’appartenance. « Acceptons de dénoncer toutes les formes d’oppression, y compris dans nos propres communautés », assenait d’une de ces féministes devant un auditoire convaincu.
Ensuite seulement, celle qui est aussi présidente de l’association Bamko s’est lancée : « Si nous voulons travailler ensemble, nous ne pouvons pas faire l’économie d’un travail en profondeur sur le passé commun des arabo-musulmans et des noirs : treize siècles d’esclavage. Nous ne pouvons pas non plus taire le phénomène de négrophobie. »
Le sujet est repris d’une autre manière par Aichatou Ouattara, auteure du blog Afrofemista : « Puisque nous sommes ici à parler des alliances possibles, nous devons admettre que les mouvements féministes ne sont épargnés ni l’islamophobie ni par le racisme et la négrophobie en particulier. Il nous faut parler de l’imaginaire collectif dans lequel la femme musulmane est arabe mais jamais noire ni même asiatique. »
Et d’autres de témoigner sur l’islam noir systématiquement considéré comme « moins conforme ». Faudra-t-il donc aller jusqu’à la création d’un « afro-féminisme musulman » ? D’un « féminisme métisse »comme s’interrogeait dans le public la fille d’un africain noir et d’une européenne blanche ? Jusqu’où aller dans la singularité de chacune ? Est-il indispensable de catégoriser les identités, récits et oppressions pour que l’ensemble des féministes puissent ensuite se retrouver sur des combats communs ? La question est lancée.
Vers un postféminisme musulman ?
Quel chemin parcouru depuis la naissance, dans les années 2000, d’un féminisme musulman, français et contemporain. A l’époque, rien que le mot de « féminisme » posait question. Les pionnières se le sont progressivement approprié, jusqu’à le revendiquer. Aujourd’hui, constate la sociologue Malika Hamidi,une génération montante se sent même assez forte pour dénoncer un label clivant : « Elles se disent : je suis féministe mais pas seulement musulmane. A partir de mes références religieuses, je peux m’associer aux luttes de toutes les femmes. »
Une étincelle a jailli à Bruxelles. Des féministes afro et musulmanes ont échangé des arguments scientifiques, des considérations stratégiques, des témoignages, des expériences, des propositions. Plus que croisées, elles se sont rencontrées. Alors comme l’exposait en substance et avec chaleur la politilogue et historienne Françoise Vergès : « Utilisons tous les outils d’analyse possibles, travaillons sur les stratégies, repolitisons le féminisme… mais n’oublions pas que la solidarité est inconditionnelle et que la sororité se construit tous les jours sur le terrain des luttes. »
Vers un postféminisme musulman ?
Quel chemin parcouru depuis la naissance, dans les années 2000, d’un féminisme musulman, français et contemporain. A l’époque, rien que le mot de « féminisme » posait question. Les pionnières se le sont progressivement approprié, jusqu’à le revendiquer. Aujourd’hui, constate la sociologue Malika Hamidi,une génération montante se sent même assez forte pour dénoncer un label clivant : « Elles se disent : je suis féministe mais pas seulement musulmane. A partir de mes références religieuses, je peux m’associer aux luttes de toutes les femmes. »
Une étincelle a jailli à Bruxelles. Des féministes afro et musulmanes ont échangé des arguments scientifiques, des considérations stratégiques, des témoignages, des expériences, des propositions. Plus que croisées, elles se sont rencontrées. Alors comme l’exposait en substance et avec chaleur la politilogue et historienne Françoise Vergès : « Utilisons tous les outils d’analyse possibles, travaillons sur les stratégies, repolitisons le féminisme… mais n’oublions pas que la solidarité est inconditionnelle et que la sororité se construit tous les jours sur le terrain des luttes. »