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MALI: LA LIBERATION DE SOUMAÏLA CISSE ET DE SOPHIE PETRONIN LIVRE SES SECRETS

 Moins de 24 heures après la libération de Soumaïla Cissé et de Sophie Pétronin, on commence à savoir les conditions de leur libération.

Dans un article publié, ce vendredi 9 octobre 2020, Jeune Afrique révèle les dessous de la libération du chef de l’opposition malienne et de l’humanitaire franco-suisse. Hier, à la descente d’avion, le monde a aussi constaté qu’il y avait deux autres otages libérés. Il s’agit de deux italiens: Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccali. Ils étaient tous détenus par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali. Leur libération a été rendue possible grâce à la liberté accordée à plusieurs dizaines de djihadistes par les autorités maliennes.

Les premiers contacts sous IBK

Selon Jeune Afrique, les négociations ont démarré sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé venait en effet d’être kidnappé pendant qu’il battait campagne pour les élections législatives à Niafounké, dans le nord du pays.

Boussou Cissé est alors approché par un ancien conseiller spécial de Blaise Compaoré, le mauritanien Moustapha Limam Chafi. Il est en effet réputé pour ses réseaux au sein des groupes jihadistes dans le nord du Mali. Moustapha Limam Chafi était d’ailleurs déjà impliqué dans des libérations d’otages occidentaux au Sahel.

Moustapha Limam Chafi a donné au PM malien, le nom de Chérif Ould Attaher, un Arabe du Tilemsi et ex-membre du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Le Premier ministre malien donnera autorisation dès le 5 avril à Chérif Ould Attaher pour « conduire toutes les démarches, formalités et de conclure tous les actes nécessaires » à la libération de Soumaïla Cissé.

Selon JA, quelques jours plus tard, le président IBK donnera son accord pour que l’intermédiaire soit accompagné dans sa mission par le colonel Mamadou Lamine Konaré, alors conseiller du Premier ministre sur les questions de renseignement. L’autorisation d’IBK sera délivrée dans le plus grand secret, précise Jeune Afrique. Cette précaution visait à « éviter que les services français et la Direction générale de la sécurité d’État (DGSE) » n’apprennent l’initiative.

La mission de Chérif Ould Attaher va démarrer dès le 8 avril 2020. Avec le Colonel Konaré, Chérif Ould Attaher, dans un vol spécial se rendra à Gao. Ensuite, révèle JA, les deux hommes passeront quelques jours dans le désert pour réussir à atteindre Kidal où ils rencontrent Sedane Ag Hita, le numéro deux du GSIM. Ils obtiennent ainsi la confirmation que le GSIM détient bien Soumaïla Cissé.

Le numéro deux du GSIM remettra aux deux émissaires une feuille manuscrite comportant deux revendications en échange de la libération du chef de file de l’opposition. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) exige en contrepartie la libération de ses membres détenus par le pouvoir malien et le paiement de 2 millions d’Euros.

La France entre dans la danse

Après leur mission à Kidal, les deux émissaires rendront compte au président IBK. Mais les autorités maliennes exigent une preuve de vie avant de poursuivre les négociations avec les ravisseurs. C’est ainsi que Chérif Ould Attaher et le Colonel Konaré repartiront à Kidal en fin avril où ils recevront, après plusieurs jours d’attente la preuve vidéo que Soumaïla Cissé est en vie. Les deux émissaires remettront ensuit des médicaments pour Soumaïla Cissé. D’ailleurs, précise JA, les médicaments, Soumaïla Cissé a continué de les recevoir suivant différents canaux.

C’est au moment où les négociations semblaient aboutir et que les choses étaient presque ficelées que les complications vont arriver, révèle JA. En effet, tenu à l’écart, le patron de la DGSE malienne, le général Moussa Diawara qui a eu écho des négociations, a pesté avant d’exiger que le dossier revienne à ses services.

Les services français ne tarderont pas à découvrir l’initiative des autorités maliennes et exigent que la libération de Soumaïla Cissé n’ait pas lieu sans celle de Sophie Pétronin.

« Pour ne pas froisser l’opinion publique française, probablement, mais aussi parce qu’ils souhaitent s’adosser au cas Cissé et ne pas apparaître en première ligne – notamment pour le paiement d’une rançon. Ils plaident donc pour qu’Ahmada Ag Bibi, député de Kidal, reprenne le dossier de Soumaïla Cissé en collaboration avec les services maliens. Ce notable touareg leur sert déjà d’intermédiaire dans le dossier Pétronin. Il connaît Iyad Ag Ghali depuis les années 1990 et a déjà joué un rôle dans les négociations pour la libération des otages d’Areva et de Vinci, enlevés en 2010 au Niger. En parallèle, le président Emmanuel Macron appelle IBK pour lui demander de confier l’affaire à ces nouveaux intermédiaires. Sous pression française, le chef de l’État malien s’exécute. Ag Bibi et la DGSE malienne – à travers le colonel Ibrahima Sanogo, son chef du renseignement antiterroriste – sont donc désormais aux manettes », écrit Jeune Afrique.

IBK renversé, poursuites de l’opération

La jonction du dossier Sophie Pétronin à celui de Soumaïla CISSE sera à l’origine du retard. En effet, révèle JA, de 2 millions, la demande de rançon passe à 10 millions. L’opération est validée par le président IBK et devait avoir lieu vers la fin août. Mais patatras ! Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keita est renversé par un coup d’État.

À l’installation des nouvelles autorités maliennes de transition, l’opération est encore sur la table. Elle est même maintenue. Le président Bah N’Daw et son vice-président Assimi Goita valident le processus.

« La rançon est payée, sans que l’on sache pour l’instant d’où proviennent les fonds, et environ 180 prisonniers inculpés de terrorisme sont libérés par les autorités maliennes, les 3 et 4 octobre. Alors que l’accord semble presque conclu, le GSIM fait monter les enchères à la dernière minute en exigeant des libérations supplémentaires, qui seront finalement accordées. Au total, 204 prisonniers sont remis en liberté », précise le magazine.

Dans le lot des jihadistes libérés, il y a des criminels notoires. Ils sont notamment impliqués dans l’attaque de l’hôtel Radisson Blu à Bamako en 2015. D’autres, impliqués dans les attentats du Splendid Hôtel et du café Cappuccino à Ouagadougou en janvier 2016 figurent aussi parmi les libérés.

kemebrama@hotmail.com

source: Jeune Afrique

 

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