Human Rights Watch (HRW) a dévoilé, jeudi 2 mai dans un nouveau rapport, la manière dont la Chine surveille les musulmans, et en particulier les millions d’Ouïghours dans la province de Xinjiang. Une surveillance de masse qui prend l’allure d’une traque à travers une application mobile où chaque aspect de la vie des personnes passe à la loupe des autorités.
« Pour la première fois, nos recherches démontrent que la police du Xinjiang recueille illégalement des informations sur des habitants même quand leurs activités sont tout à fait légales, afin de prendre des mesures contre certains d’entre eux », affirme Maya Wang, chercheure sur la Chine auprès de la division Asie à HRW.
Le moindre fait et geste scruté des autorités
L’ONG a employé la technique de rétro-ingénierie « pour analyser l’application liée à la Plateforme intégrée d’opérations conjointes (« Integrated Joint Operations Platform », IJOP), utilisée par la police du Xinjiang pour collecter des données personnelles et signaler les individus jugés potentiellement menaçants ».
Décrite comme « un système des systèmes » par Maya Wang, l’application possède trois fonctions : i[« elle collecte les données, rapporte les activités ou situations suspicieuses et préconise des missions d’investigation ». ]I
Elle collecte des informations allant du groupe sanguin d’un individu jusqu’à son affiliation politique et religieuse. Identité, plaque d’immatriculation, adresse IP, référence du Smartphone, consommation d’électricité et de carburant… rien n’échappe à la surveillance. L’application est également en capacité de déterminer s’il y a lieu de surveiller les autres applications téléchargées par les utilisateurs, l’inscription sur les réseaux sociaux tels que Twitter ou Whatsapp ou encore l’usage des VPN pour une connexion cryptée.
En fonction des données recueillies, les individus sont divisés en 36 catégories, selon si la personne qui achète du carburant à la pompe n’est pas le propriétaire attitré du véhicule, si un individu utilise de moins ou moins son smartphone, s’il a peu de contact avec son voisinage, s’il a téléchargé Whatsapp, Viber ou Telegram, s’il a participé à un don pour une mosquée, s’il a passé un long séjour à l’étranger… « Les autorités chinoises ont programmé l’IJOP de telle manière que de nombreuses activités ordinaires et légales sont traitées comme des indicateurs de comportements suspects », indique HRW, pour qui le régime répressif chinois a atteint des sommets.
L’ONG appelle la Chine à fermer IJOP et à effacer les données qu’elle a recueillies dans ce cadre. Surtout, elle préconise que les gouvernements des pays étrangers reconnaissent « la nécessité de contrôles d’exportations vers la Chine, de sanctions ciblées et de mesures protégeant le droit à la vie privée, afin d’éviter que les pratiques employées au Xinjiang ne soient aussi utilisées ailleurs dans le monde ».
saphirnews