vendredi, mars 29, 2024
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ALLEMAGNE : ULTIMATUM POUR ANGELA MERKEL, CRITIQUEE SUR SA POLITIQUE MIGRATOIRE

Pressée par l’aile droite de sa coalition gouvernementale de resserrer sa politique migratoire, Angela Merkel pourrait être mise en difficulté, lundi 18 juin, par la CSU, qui menace d’imposer par décret le refoulement aux frontières.

L’aile droite de la coalition gouvernementale en Allemagne met un coup de pression supplémentaire à Angela Merkel pour qu’elle restreigne l’accueil des migrants aux frontières, en imposant, lundi 18 juin, un ultimatum susceptible de plonger le pays dans une grave crise politique. « C’est la journée où le destin d’Angela Merkel et celui du gouvernement se décide », titre le quotidien Bild, le plus lu d’Allemagne.

L’Union chrétienne-sociale CSU, qui se prépare à de difficiles élections régionales en Bavière en octobre, exprime son impatience sur la question migratoire. Elle accuse la chancelière et son parti démocrate-chrétien CDU, avec lequel elle est pourtant alliée depuis 1949, de laxisme. L’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016 a créé une onde de choc politique dans le pays qui ne faiblit pas.

La direction de la CSU se réunit lundi matin à Munich avec l’objectif d’autoriser son président, Horst Seehofer, également ministre fédéral de l’Intérieur, à défier Angela Merkel en imposant les refoulements aux frontières par décret. S’il passait immédiatement à l’acte, la chancelière n’aurait d’autre choix que de le limoger, ce qui provoquerait l’éclatement de la coalition au pouvoir depuis seulement trois mois, et probablement de nouvelles élections.

Le ministre de l’Intérieur semble toutefois désormais disposé à accorder un délai de deux semaines à Angela Merkel, jusqu’à un sommet de l’UE fin juin, pour qu’elle négocie un accord sur le refoulement des migrants. À défaut, ce sera la crise. « Il est essentiel que le sommet de l’UE prenne enfin des décisions fin juin », a averti Horst Seehofer, dans une tribune publiée lundi par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. « La situation est grave, mais encore soluble », a-t-il ajouté.

Dès dimanche, l’intéressé affirmait que « personne à la CSU ne veut faire tomber la chancelière ou faire éclater le gouvernement ».

Solidarité européenne

La chancelière centriste refuse de céder à la CSU. Elle redoute qu’un tel cavalier seul ne crée le chaos et n’obère toute chance d’obtenir un solution commune en Europe, au moment où l’UE discute d’un système d’asile partagé. « Il s’agit d’un défi européen qui nécessite une réponse européenne », a-t-elle dit ce week-end, prévenant que la « cohésion de l’Europe » était en jeu.

La semaine qui s’annonce donc décisive pour l’avenir politique de la chancelière. Et la partie compliquée, car ce qu’exige son aile droite est précisément ce dont ne veut pas l’Italie, qui, en tant que pays d’arrivée des migrants, réclame plus de solidarité européenne.

Les péripéties de 630 migrants secourus en mer et arrivés dimanche en Espagne, épilogue d’une semaine d’errance en Méditerranée, a illustré des profondes fractures au sein de l’UE sur la question, et sera au centre du prochain Conseil européen, les 28 et 29 juin.

Angela Merkel reçoit justement lundi soir son homologue italien Giuseppe Conte, dont le pays refuse désormais l’accès à ses ports aux navires d’ONG transportant des migrants. Puis le lendemain, elle s’entretiendra avec le président français Emmanuel Macron, dans un contexte européen explosif sur les migrants, illustré par les tensions autour du navire Aquarius.

Une réunion spéciale des principaux dirigeants européens concernés n’est du reste pas exclue avant même le sommet de l’UE de la fin du mois.

Cote de popularité en chute

Angela Merkel est d’autant plus sous pression que sa cote de popularité en Allemagne chute, tandis que l’extrême droite progresse dans les sondages.

Le mécontentement croissant de l’opinion est exacerbé par des faits divers impliquant des migrants et ayant eu un large écho dans l’opinion, en particulier le viol et l’assassinat récents d’une adolescente par un jeune demandeur d’asile irakien arrivé en 2015.

Par ailleurs, lundi s’ouvre le procès d’un jeune réfugié afghan accusé d’avoir mortellement poignardé son ancienne petite amie de 15 ans dans un supermarché.

France24

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