Si Donald Trump a reconnu qu’il revenait aux gouverneurs de lever les mesures de confinement dues au Covid-19, il multiplie les pressions sur les États pour lancer le redémarrage du pays.
Depuis la fin mars, Donald Trump ne cache pas son impatience : le pays doit, au plus vite, retrouver son rythme de vie normal. C’est à vrai dire le souhait de tous les Américains, et sans doute de la planète, compte tenu du rôle de la première puissance économique mondiale.
Mais comment ? La feuille de route rendue publique par la Maison-Blanche, jeudi 16 avril, laisse sceptiques de nombreux gouverneurs, en première ligne pour la gestion de la santé et de l’ordre public aux États-Unis. Donald Trump appelle ses partisans à se mobiliser pour exiger la « libération » du
pays.
Des rassemblements pour « libérer l’Amérique »
Depuis la mi-avril, plusieurs États sont le théâtre de rassemblements pour exiger de leurs élus la fin du confinement et la réouverture des commerces. Après une manifestation ayant réuni 3 000 personnes à Lansing, capitale du Michigan le 15 avril, le phénomène s’est reproduit les jours suivants dans de nombreuses régions, du New Hampshire à la Californie, en passant par le Texas, le Maryland ou l’Ohio.
Dans la plupart des cas, ces mobilisations réunissent, pour l’heure, peu de monde, même si elles peuvent être spectaculaires, notamment quand certaines personnes sont armées, comme dans le cas du Michigan. Lors de ces regroupements ont été brandis le drapeau américain, mais aussi les couleurs de Donald Trump et celles du Tea Party, mouvement qui avait vu le jour sous Barack Obama, accusé d’accroître le poids de l’État au détriment de la « liberté ».
Ces rassemblements ont reçu, vendredi le soutien du locataire de la Maison-Blanche. Donald Trump a appelé à « libérer » du confinement trois États gérés par des gouverneurs démocrates, le Michigan, le Minnesota et la Virginie, qui sont par ailleurs des États clés dans la perspective de l’élection présidentielle de novembre.
En 2016, le candidat républicain avait, à la surprise générale, gagné dans le Michigan et frôlé la victoire dans le Minnesota, deux terres démocrates.
La feuille de route de Donald Trump
La Maison-Blanche propose aux gouverneurs un retour à la normale en trois temps. La première étape serait enclenchée lorsqu’un État enregistre une diminution des cas de Covid-19 sur une période de 14 jours et que ses hôpitaux ne sont plus submergés. Les restaurants et les clubs de sport pourraient alors rouvrir, à condition de permettre la distanciation sociale.
Dans cette phase, les personnes les plus vulnérables devraient rester confinées, le télétravail serait toujours la règle, et les écoles demeureraient fermées, tout comme les bars. Quant au port du masque en public, il serait « fortement » conseillé, sans être obligatoire.
Parallèlement, les autorités devraient mettre en place un dépistage à large échelle. Si aucun « rebond » de l’épidémie n’est constaté, la phase deux pourrait s’enclencher, avec notamment une réouverture des écoles et l’autorisation de regroupement jusqu’à 50 personnes. La levée des restrictions et du confinement, lors d’une troisième phase, interviendrait lorsque l’absence de résurgence de l’épidémie serait confirmée.
Les tests, pomme de discorde
Cette stratégie repose sur la capacité des autorités à dépister à grande échelle les nouveaux cas de coronavirus, afin d’éviter une deuxième vague de contamination. Or la question des tests est à l’origine de nombreuses tensions entre l’administration Trump et les États, qui comptent sur le soutien du pouvoir fédéral.
De nouvelles passes d’arme ont eu lieu dimanche 19 avril, par médias interposés. « Il y a une capacité suffisante de tests dans le pays aujourd’hui pour que n’importe quel État puisse entrer dans la phase 1 », a déclaré le vice-président Mike Pence sur Fox News. « Même si nous faisons désormais 150 000 tests par jour, si les États activaient tous les laboratoires présents chez eux, nous pourrions plus que doubler ce nombre du jour au lendemain », a-t-il ajouté, provocant la colère de nombreux élus.
Le gouverneur démocrate de Virginie, Ralph Northam, a ainsi qualifié de « délirantes » et « d’irresponsables » les déclarations du gouvernement. « Il nous a été demandé, en tant que gouverneurs, de mener cette guerre sans le matériel dont nous avons besoin », a-t-il déclaré sur CNN. La gouverneure démocrate du Michigan, Gretchen Whitmer, a également pointé la pénurie de réactifs
.
Même dans le camp républicain des voix dissonantes se sont fait entendre. Le gouverneur du Maryland, Larry Hogan a ainsi déclaré que « dire que les gouverneurs ont assez de tests, et qu’ils devraient juste se mettre au travail est complètement faux ».
Gilles Biassette, le 21/04/2020 à 07:01