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COVID-19 : L’UNIVERSITE IRANIENNE DE QOM S’ADRESSE AU PAPE

Dans une lettre adressée au pape samedi 4 avril, le recteur de l’université chiite de Qom, ville sainte très touchée par la pandémie, demande de «créer une communauté des religions au service de l’humanité».

« Créer une communauté des religions révélées au service de l’humanité ». Tel est le principal message contenu dans une lettre adressée au pape François, samedi 4 avril, par l’ayatollah iranien Alireza Arafi, recteur de l’université Al Mustafa de Qom, à 150 km au sud-ouest de Téhéran.

Selon cette lettre, parvenue à l’agence missionnaire Fides, les enseignants chiites et leurs élèves, à Qom et dans l’ensemble de l’Iran, « expriment leur gratitude au pape et à tous ceux qui ont à cœur les faibles et les nécessiteux » en cette période de pandémie du Covid-19 qui « cause des souffrances dans de nombreux pays ».

Une façon de remercier certains milieux catholiques qui demandent de lever les sanctions américaines contre l’Iran, au moins pendant la durée du confinement général qui provoque tant de chômage et d’appauvrissement pour de nombreuses familles.

« La miséricorde de Dieu pour tous ceux qui ont perdu la vie »

Le 13 mars déjà, un ayatollah en avait appelé au pape pour obtenir une révocation des sanctions économiques « en particulier liées à l’assistance médicale », mises en place depuis mai 2018 après que les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’accord nucléaire international conclu avec l’Iran trois ans plus tôt.

Bouleversés par cette crise du coronavirus, les chefs religieux de la ville sainte de Qom « ne manquent pas d’invoquer la miséricorde de Dieu pour tous ceux qui ont perdu la vie et pour le rétablissement des malades ».

Il faut dire qu’avec 3 603 morts au 5 avril – selon les chiffres officiels, mais sans doute beaucoup plus selon de nombreux observateurs -, la République islamique est l’un des plus touchés par la pandémie. Celle-ci a commencé à Qom – du fait, semble-t-il, d’un homme d’affaires de retour de Chine – et aurait touché de nombreux dignitaires, nombreux à entretenir des liens avec la ville sainte, les pratiques de salutation avec triple accolade favorisant la propagation du virus.

SS. Papa Francesco – Sig. Hassan Rouhani Presidente Iran
26-01-2016
@Servizio Fotografico – L’Osservatore Romano

Phénomènes d’alarme

« Selon la logique des religions révélées, indique encore l’ayatollah Arafi, les catastrophes naturelles sont des phénomènes d’alarme qui mettent à l’épreuve l’humanité ». Elles appellent à un approfondissement de sa « propre origine » et de « la possibilité d’une résurrection », perspective dans laquelle peut émerger « un esprit d’empathie et de dévouement ».

Une saine approche de cette pandémie, poursuit le recteur de l’université, doit éviter d’opposer sciences et religions et doit « insuffler, parmi les élites dirigeantes, le souci de la cohésion sociale ».

Chefs religieux et théologiens, remarque le responsable chiite, ont la responsabilité de renforcer les fondements de leur propre foi pour « protéger la société d’anomalies et de contaminations », de rappeler la force de Dieu et de promouvoir la prière, afin d’affronter ensemble d’autres urgences contemporaines telles que « l’injustice, la discrimination, les sanctions inhumaines, les crises environnementales, la guerre, le terrorisme, la production d’armes de destruction massive ».

De nouvelles formes de collaboration

Tout en se félicitant du développement du bénévolat, de la mobilisation volontaire et des actes de solidarité, Alireza Arafi souligne l’importance de l’engagement de tous les soignants, y compris des élites universitaires et des étudiants, « sous la direction des chefs de la révolution islamique ».

Et de conclure en annonçant que l’université chiite, avec ses enseignants, ses chercheurs et ses étudiants est « prête à intensifier ses échanges scientifiques et culturels » ainsi que les expériences de soutien réciproque, en ouvrant de nouvelles formes de collaboration « en particulier avec les institutions catholiques mondiales ». Et ce, de manière à former une « communauté des religions révélées au service de l’humanité ».

Il faut rappeler que l’université Al-Azhar, basée au Caire (Égypte), souvent considérée comme la plus haute autorité de l’islam sunnite, entretient d’excellentes relations le Vatican, notamment depuis le Document sur la fraternité humaine, signé par le pape et le grand imam d’Al-Azhar en février 2019.

Pour Noël dernier, Al-Azhar avait même publié un message félicitant « sincèrement le pape François et tous les frères chrétiens du monde entier », soulignant la force des relations islamo-chrétiennes, saluant les « efforts » du pape François et d’Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d’Al-Azhar, pour « renforcer les ponts de dialogue et de communication entre toutes les religions et cultures ».

Claire Lesegretain (avec Fides), le 06/04/2020 à 17:34

 

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