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IRAN : FACE AU COVID-19, DES MESURES FORTES, MAIS PAS DE CONFINEMENT, POUR MAINTENIR L’ECONOMIE

Avec officiellement 70 029 cas confirmés et 4 357 décès en  la date du  samedi 11 avril, l’Iran est un des pays les plus touchés par la pandémie, loin toutefois des bilans de plusieurs pays européens.

Le gouvernement n’a pourtant pas imposé de confinement et a autorisé certaines activités économiques à reprendre le week-end dernier

. Retour sur la gestion de crise iranienne

.19 février 2020 : 1er cas confirmé au covid-19

Le premier cas de Covid-19 a officiellement été découvert en Iran le 19 février. Aujourd’hui, c’est l’un des pays les plus touchés au monde

Fin février, certaines écoles et universités ont commencé à fermer, ainsi que les cinémas, les stades et certains commerces. Le télétravail a été imposé pour l’administration publique. Quatre importants sites de pèlerinage religieux chiites ont été fermés, notamment à Qom. Les prières collectives du vendredi ont été annulées. Néanmoins, aucun confinement n’a été imposé.

C’est ainsi que, le 19 mars, les Iraniens se sont déplacés à travers le pays pour rejoindre leurs familles lors des vacances du Nouvel An

25 mars, interdiction de déplacement d’une ville à l’autre

Cependant, le 25 mars, le président Hassan Rohani a annoncé une interdiction de se déplacer d’une ville à une autre.

Mardi 7 avril, le Parlement iranien a débattu d’un confinement national pour une période d’un mois, des mesures demandées par de nombreux fonctionnaires au sein du Ministère de la Santé et par le personnel soignant. Le texte n’a cependant pas été adopté, plusieurs députés craignant des conséquences économiques trop importantes.

Maintenir les activités économiques

Le président Hassan Rohani a d’ailleurs annoncé mercredi 8 avril la réouverture de commerces à « bas risques » samedi 11 et 18 avril pour la province de Téhéran, précisant vouloir « maintenir les activités économiques autant que possible », mais soulevant l’inquiétude du personnel soignant alors que l’épidémie n’est pas encore maîtrisée.

Pourquoi des mesures plus fortes ne sont pas prises ? « On est dans un cadre particulier, il y a eu beaucoup de tensions sociales au cours des derniers mois. La pression économique est telle aujourd’hui que le confinement généralisé ne peut pas être imposé » analyse Jonathan Piron. L’économie iranienne est en effet déjà en grande difficulté, avec beaucoup de précarité et une inflation à « près de 40 % » selon Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Chute des prix de pétrole et tension avec les Etats-Unis

La crise économique est exacerbée par les tensions avec les États-Unis et la chute du cours du pétrole. Les sanctions américaines ont conduit à une baisse des exportations du pétrole iranien, or celles-ci représentent « environ 40 % des recettes budgétaires » du pays, précise Thierry Coville. Les sanctions ont donc donné « un coup de grâce à l’économie iranienne » analyse Mahnaz Shirali, enseignante à Sciences-Po. Les États-Unis s’opposent également à la demande de l’Iran d’un prêt de 5 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI), accusant Téhéran de vouloir financer son programme nucléaire.

Eviter les tensions sociales

Le gouvernement craint une crise sociale si la situation économique s’aggrave davantage. « Le confinement fonctionne dans les pays riches où la population peut travailler de chez elle » soutient Mahnaz Shirali. Or, « l’Iran c’est 35 % d’économie informelle, le confinement mettrait toute une partie de la population dans une situation impossible » précise Jonathan Piron.

Un milliards d’euros du fonds souverain débloqué

Il est bon de signaler que le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, vient de donner son accord au président Hassan Rohani pour utiliser un milliard d’euros du fonds souverain du pays afin de lutter contre les conséquences économiques de la crise. Il a aussi appelé, jeudi 9 avril, les Iraniens à prier à domicile lors du mois de Ramadan qui doit commencer bientôt

kemebrama@hotmail.com

A Partir du texte d’Albane Thirouard, in Lacroix, le 11/04/2020 à 14:50

 

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