« Agir pour ne plus subir »: l’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a lancé dimanche à Clichy (Hauts-de-Seine) sa campagne électorale pour les municipales de mars, où ce micro-parti « laïc » espère présenter une cinquantaine de listes.
« Le musulman endosse tous les maux, il est servi en pâture à chaque enjeu électoral majeur. La réponse ne doit pas être religieuse ni communautaire, elle doit être politique », a déclaré le président de l’UDMF Nagib Azergui, devant environ 80 personnes.
L’UDMF, « musulman, démocrate, laïc et français », veut « combattre le rejet, la discrimination » face aux « discours sectaires », à « ceux qui rêvent d’une France repliée sur elle-même » et qui « n’ont pas compris la richesse de la diversité et de la pluralité », a-t-il ajouté.
Debout sur l’estrade devant un drapeau français et un européen, il a rappelé le récent « acharnement de certains leaders politiques à vouloir exclure nos listes du prochain scrutin ».
Plusieurs figures à droite ont réclamé l’interdiction de listes « communautaristes » aux municipales et le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a déposé le 8 novembre une proposition de loi en ce sens, après une nouvelle polémique autour du port du voile. Emmanuel Macron s’est lui prononcé contre une telle interdiction.
« L’UDMF n’est pas et ne sera jamais un parti confessionnel ni réservé aux musulmans. Nous ne sommes pas des muftis, la sphère religieuse n’est pas notre terrain », a martelé M. Azergui, qui regrette que « l’islamisation des débats » éclipse trop souvent les problèmes de société et l’accroissement des inégalités.
Micro-parti créé en 2012, l’UDMF a recueilli moins de 29.000 voix aux Européennes de mai dernier, avec cependant des pics dans quelques communes en région parisienne : 7,43% à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), 6,77% à Mantes-la-Jolie (Yvelines)… A Poissy (Yvelines), un bureau avait recueilli 29,81% des voix. Mais 1,57% sur toute la commune.
Pour les municipales de mars, l’UDMF, qui revendique près de 1.000 adhérents, ambitionne selon M. Azergui de présenter une cinquantaine de listes.
Venu en curieux, Abdelmajid, commerçant de 43 ans, est ici « pour voir ce qu’ils ont à dire ». Et ironise en regardant autour de lui dans la salle : « A en croire la télé il n’y a que des barbus terroristes qui veulent casser la République. J’en vois pas beaucoup ».
Dans le public également, Inès, auto-entrepreneuse de 20 ans, trouve « essentiel que les musulmans commencent à se réveiller au niveau politique ». « On veut participer, sans amener nos idées religieuses. Il faut qu’on commence à faire entendre nos voix ».
AFP