Beaucoup plus rare que la polygamie dont elle prend l’exact contrepied, la polyandrie, bien que formellement interdite par la loi en vigueur, en Egypte comme en islam, n’est pas pour autant un phénomène exceptionnel au pays des pharaons.
A 25 ans, Lamia M., une femme de chambre dans un hôtel, n’est pas la première égyptienne à être interpellée pour avoir épousé deux hommes à très peu de temps d’intervalle, et à faire la manchette des journaux pour avoir contracté allègrement deux contrats de mariage : le premier tout ce qu’il y a de plus officiel et légalement reconnu, le deuxième, appelé le « mariage orfi », plus coutumier, officieux et, par conséquent, parfaitement délictueux au regard de la législation.
Au cours de son interrogatoire, la jeune femme a expliqué qu’elle était tombée amoureuse d’un autre homme que son mari et qu’elle s’était alors tournée vers un imam pour solliciter son avis. Un imam, entouré de zones d’ombre, dont elle assure ne pas connaître l’identité.
Selon ses dires, celui-ci l’aurait autorisée à s’unir à ce deuxième homme par le biais d’un mariage « orfi », devant deux témoins et en toute discrétion, car si, d’après lui, la charia y consent, la justice égyptienne, en revanche, le réprouve fermement et le sanctionne lourdement.
Alors que Lamia M. est actuellement maintenue derrière les barreaux, ses aveux ont conduit les policiers, chargés d’éclaircir les circonstances de son union scellée en catimini, à solliciter l’aide des savants d’Al Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, au Caire. Ils espèrent en effet que son aréopage de clercs pourra les éclairer sur la fatwa sur laquelle s’est appuyé le mystérieux imam pour célébrer un mariage illégal, et faciliter son identification dans les meilleurs délais.
Au début de l’année, le procès d’une autre femme égyptienne, adepte elle aussi de la polyandrie, avait connu un fort retentissement en Egypte, car ce n’est pas pour deux, mais trois unions maritales contractées depuis cinq ans qu’elle comparaissait devant la justice.
Oumma