Le forum de Davos, qui démarre ce lundi 25 janvier en format virtuel, s’ouvrira avec une intervention du président chinois Xi Jinping. L’économie chinoise sort renforcée de la crise sanitaire et a accéléré le glissement vers l’est du centre de gravité de l’économie mondiale.
Malgré la pandémie, ou peut-être à cause d’elle, l’année 2020 a été celle de la Chine. L’invité le plus en vue du forum de Davos, qui démarre ce lundi 25 janvier, sera chinois. Le président Xi Jinping doit prendre la parole à 13 heures, ouvrant cette traditionnelle semaine de débats pendant laquelle les dirigeants les plus en vue de la planète échangent sur l’avenir du monde et les grands défis du moment.
Pourquoi la Chine fait flamber le prix des matières premières
Exceptionnellement cette année, le forum ne se tient pas dans la petite station des Alpes suisses. Covid oblige, il bascule entièrement sur Internet. Mais le principe demeure le même. Et pour cette édition 2021, qui se tient du 25 au 29 janvier autour du thème « une année cruciale pour rebâtir la confiance », l’Asie sera particulièrement visible.
« L’année 2020 est celle où l’Asie a représenté pour la première fois plus de 50 % de l’économie globale », explique Borge Brende, président du Forum, en présentant le programme. C’est pourquoi de nombreuses tables rondes porteront, cette année, sur « le rôle que doit jouer l’Asie dans le redressement de l’économie mondiale ». Outre le numéro un chinois, le Forum accueillera les premiers ministres indien Narendra Modi et japonais Yoshihide Suga, ainsi que le président sud-coréen Moon Jae-in.
La Chine seule a évité la récession en 2020
Le président chinois Xi Jinping était déjà l’invité vedette de Davos en 2017. À l’époque, il était venu plaider en faveur du libre-échange et du multilatéralisme, face à un président américain tournant le dos aux enceintes internationales et multipliant les sanctions commerciales.
Mais en ce début 2021, la participation du numéro un chinois aura une autre portée. Elle viendra marquer le fait qu’après un an de crise sanitaire, le pays qui en sort gagnant, du point de vue économique, est bien le sien. La Chine a su maîtriser rapidement l’épidémie de Covid-19, pourtant née à l’intérieur de ses frontières. De ce fait, elle a été la seule grande économie à connaître une croissance positive en 2020, à + 2,3 %, quand l’Europe et les États-Unis ont plongé dans la récession.
Le forum de Davos entérine le poids croissant de la Chine
Une étude réalisée par Euler Hermes, et publiée à l’occasion du Forum de Davos, estime que cette crise aura fait gagner deux ans à la Chine. D’après les calculs de cet assureur-crédit membre du groupe Allianz, le PIB chinois devrait égaler celui des États-Unis en 2030. Avant la crise sanitaire, Euler Hermes prévoyait ce basculement en 2032. « La surperformance de l’économie chinoise fait d’elle le gagnant relatif, dans le monde post-Covid-19 », juge l’étude.
Le centre de gravité économique glisse vers l’est…
Euler Hermes a réalisé un autre calcul, tout aussi significatif. L’assureur a placé sur une carte le centre de gravité de l’économie mondiale, calculé à partir du PIB de tous les pays, pour chaque année à compter de 1998. En début de période, ce centre de gravité se situait quelque part dans l’Atlantique et il se déplaçait légèrement vers l’ouest, du fait de la croissance américaine.
À compter de l’année 2002, le mouvement s’inverse : le centre de gravité commence à se déplacer vers l’est sous l’effet du décollage des « quatre dragons » asiatiques : la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour. Le mouvement s’accélère à partir de 2004, quand la croissance chinoise passe pour la première fois au-dessus des 10 %.
… Et ce mouvement s’accélère
Aujourd’hui, le centre de gravité économique se trouve à l’est de la Turquie. Il devrait continuer sa marche inexorable vers l’est. « En 2030, sur la base de nos prévisions à long terme, le centre de gravité économique mondial pourrait être situé au confluent de la Chine, de l’Inde et du Pakistan. Cela reflète principalement l’attraction de l’économie chinoise sur le monde, mais aussi dans une moindre mesure l’attraction d’autres économies émergentes d’Asie, en particulier de l’Inde », explique Euler Hermes.
L’épidémie de Covid-19 renforce la tendance. En 2020-2021, le mouvement annuel vers l’est sera d’environ 1,4 fois plus rapide que celui qui était initialement attendu avant l’épidémie, et 1,8 fois plus rapide que celui observé dans la période 2015-2019.
Attirer les investisseurs étrangers
Emmanuel Macron a tenu à maintenir le rendez-vous « Choose France », destiné à vanter l’attractivité du pays auprès d’investisseurs étrangers, en organisant une visioconférence avec une centaine de PDG d’entreprises multinationales, ce lundi 25 janvier. Industrie, pharmacie, finance, etc. : tous les secteurs sont représentés. Les entreprises étrangères emploient d’ores et déjà 2 millions de personnes en France et comptent pour 20 % de la valeur ajoutée du secteur marchand. Objectif du rendez-vous : continuer à faire de la France le premier pays européen à bénéficier d’investissements étrangers.
Alain Guillemoles, le 25/01/2021