REPORTAGE DE VOYAGE
Ce jeudi 22 octobre2021 dans le cadre d’un reportage au Nord du pays célébrant les derniers jours du Mahoulid 2021, je pars d’Abidjan dans un car confortable, climatisé de la société AMT qui a ma grande surprise, respecte l’heure comme on me l’avait signifié. Il a effectivement démarré à 06 heures. Bien calé dans un siège confortable, je suis séduit par la dextérité du chauffeur qui réussit à passer les nombreux bouchons obstruant la sortie de la Gare d’Adjamé-Agban du côté de la gare Sotra d’Adjamé et à rejoindre la Gesco à la sortie de Yopougon .Nous roulons donc en direction, l’Autoroute du Nord.
Une zone industrielle de 940 hectares en pleine construction
Le trajet se déroule sans problème jusqu’au kilomètres 24 où est située la nouvelle la zone industrielle moderne d’Attinguié aux normes et aux standards internationaux. Les travaux de ce site ont été lancés le 10 avril 2015 par l’ex premier ministre Kablan Duncan. Cette zone s’étendra à la fin des travaux sur une superficie de 940 hectares. Bien qu’elle soit dénommée Zone industrielle d’Attinguié, elle en réalité à cheval sur trois villages à savoir Akoupé-Zeudji, Attinguié et Allokoi. Sa création a été occasionnée par la saturation des zones industrielles de Vridi, Yopougon et Koumassi, preuve de la vitalité industrielle de notre pays. En réalité, sa construction met en évidence dans la volonté du Gouvernement de faire participer davantage le secteur industriel à la croissance économique et à la création d’emplois de notre pays.Le voyageur que je suis, constate la présence de grues partout en pleine action ; des entrepôts imposants qui s’étendent de l’autoroute jusqu’à l’intérieur des terres avec des voies bitumées. Cette zone, dans une vingtaine d’année selon certains spécialistes, s’étendra au-delà des trois villages précités avec une extension du côté de sikensi et même des sous-préfectures d’Akradio dans la région de Dabou.
Les travaux de prolongement de l’Autoroute du Nord avancent
Le trajet se poursuit jusqu’à Yamoussoukro où là encore, les travaux de prolongement de l’Autoroute du Nord en direction de Bouaké avancent avec des ouvriers, des machines, des grues, des gros camions qui occupent le terrain .Ils ont été lancés le 29 novembre 2018 par feu le Premier Ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly à Bouaké et concernent la section Tiébissou-Bouaké, longue de 95 km. Celle-ci fait partie des travaux visant à relier Abidjan à Ouagadougou et Bamako.
Ce prolongement de l’autoroute contribuera, entre autres, à l’amélioration quantitative et qualitative des infrastructures routières du pays, à l’accessibilité aux zones Centre et Nord, à l’émergence d’un pôle économique et industriel à Bouaké, de même qu’au renforcement de l’intégration économique régionale entre la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. D’un coût global de 167 milliards de FCFA, les travaux sont en cours allègrement et permettent aujourd’hui de créer 1200 emplois directs et indirects.
Par la suite, nous traversons Toumodi sans que je m’en rende compte en déviant la ville du fait le prolongement de l’autoroute qui contourne cette cité. A Bouaké, notre car fait une escale d’une vingtaine de minutes après 05 heures de routes, le temps de nous restaurer .Puis c’est le départ sur Korhogo.
Des métamorphoses au niveau spatial en un temps record
Au fur et à mesure que le car avance, je constate les progrès réalisés sur le tronçon Bouaké Korhogo en passant par Katiola, Fronan, NiaKara, Napié. Nous arrivons à Korhogo, une ville complètement métamorphosée qui aujourd’hui est devenue la capitale du Grand –Nord avec des voies qui n’ont rien à envier à celles d’Abidjan ou de Yamoussoukro et cela, grâce aux travaux du Programme Présidentiel d’Urgence (‘PPU) initiés après la crise électorale de 2011 sous la conduite de feu le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, ancien maire de cette capitale du Poron . Cette ville que j’ai traversée en 2015 lors de ma dernière visite dans la région s’étend aujourd’hui de manière exceptionnelle jusqu’aux flancs du Mont Korhogo, entouré de constructions.
De Korhogo, nous roulons en direction de Boundiali que nous atteignons sans grand problème. Et c’est au niveau de cette ville que je me rends compte que beaucoup de bouleversements ont eu lieu en un temps record en termes d’infrastructures routières dans cette zone de la Côte d’Ivoire.
Le tronçon Boundiali-Odienné, Nickel
Je me souviens en ce moment qu’en 2015, dans le cadre d’un reportage dans la zone pour l’inauguration d’une mosquée à Séguleon, j’ai passé toute une journée sur ce tronçon en direction d’Odienné installé dans un gros camion avec des moutons et des bœufs. Il n’existait pas de route si bien que personne n’osait emprunter le tronçon d’alors parsemé de crevasses, de trous, de nids de Poules, etc. et qui constituait un véritable calvaire pour les véhicules et les chauffeurs. En ce moment-là, sur la route, des tonnes de coton attendaient d’être évacuées vers les usines de traitement à Bouaké, toute chose qui constituait un frein au développement économique de la région.Aujourd’hui, cette voie de 131 kilomètres a été entièrement bitumée pour un coût de 82,2 milliards de FCFA. Elle a été inaugurée le 12 octobre 2020 par, le Président de la République, Alassane Ouattara.
Le tronçon Boundiali-Tengrela- frontière du Mali, outil d’intégration
Par ailleurs, cette même ville de Boundiali a servi de point de départ d’une autre route longue de 124 kilomètres cette fois-ci en direction de Tengrela jusqu’à la frontière du mali. Les travaux de cette autre infrastructure routière ont débuté le1er septembre 2015.Ils ont duré 24 mois. Financé par la Banque Islamique de Développement (BID) et la Banque Ouest Africaine de Développement, ils ont coûté 34,15 milliards (FCFA). Cette voie permet de relier les villes de Tengrela, Boundiali, Gbon, Kanakono, Kasséré, Kolia, Kouto.
Renaissance de la route de la cola
Au-delà de ces villes citées, elle va permettre de « ressusciter » la route de la cola. Au plan historique, il y a environ un siècle, la région, allant de Tengrela à Séguéla en passant par Odienné, concentrait effectivement une activité économique majeure ; elle centralisait les échanges entre la Côte d’Ivoire et le Mali d’une part, et entre le Nord et l’Ouest de la Côte d’Ivoire d’autre part, jusqu’au Wharf de Sassandra. Cette boucle était l’un des fleurons de l’économie de notre pays avec de nombreux échanges par caravanes, à dos de cheval ou de chameau. Cependant, avec le développement des chemins de fer et des routes ainsi que l’absence de développement de routes revêtues connectées au réseau national, toute cette zone avait perdu sa prospérité d’antan. Cela a entraîné une rupture des relations commerciales, une réduction des mouvements des personnes et des biens et surtout une forte paupérisation des populations de la région.
Un réseau routier structurant
Actuellement avec l’existence de la route Boundiali – Tengrela – Frontière du Mali de même que celle reliant Boundiali- Odienné et les travaux de bitumage de la route Kani – Boundiali en cours, il existera un réseau routier structurant qui reliera les 3 grands chefs- lieux du Nord. Ces réalisations vont permettre également de relier le port de San Pedro à la République du Mali en passant par les villes de Daloa, Séguéla, Kani, Boundiali et Tengrela. Tous ces projets d’infrastructures vont contribuer à l’accroissement des activités dans la région et en plus dans la sous-région notamment dans l’espace de l’Union Monétaire Ouest Africain ( UEMOA ) où est consommé le Franc CFA.
Daba DOUMBIA
En cours de route, je redécouvre Dabadougou où une imposante mosquée sort de terre. Dabadougou est le Village où réside Daba DOUMBIA, un des talibés du Cheick Boiké samassi de Keleindjan. En 2015, j’avais fait escale dans ce village qui n’en est plus un .Cette bourgade s’est agrandie jusqu’à atteindre le bord de la route .Après Dabadougou, nous arrivons à Tiémé, une ville coquette où se dresse un monument en l’honneur de René Caillé, le célèbre explorateur français qui a séjourné dans cette ville lorsqu’il voulait se rendre à Tombouctou à partir de Dakar alors capitale de l’Afrique Occidental Française (AOF). En fin de compte, nous arrivons Odienné à 18 heures, harassé par au total 10 heures de voyage sans interruption depuis Abidjan à part la petite pose rapide à Bouaké qui nous a permis permet de nous restaurer.
L’hôtel le Campement ou ce qui en reste
Je prends une chambre à l’hôtel le Campement où j’avais dormi en 2015. C’est Un réceptif hôtelier qui a fait la fierté d’Odienné dans les années 1970 jusqu’au début des années 2000 mais, qui tombe en désuétude actuellement ayant de la peine à faire le plein devant de nouveaux réceptifs hôteliers qui fleurissent dans la ville. En fait, Il ne reste de cet hôtel que le nom. Les chambres ne sont pas fameuses avec la peinture défraichie et les draps pas très reluisants. Malgré tout, le prix est abordable pour les personnes n’ayant pas grand moyen. 5000 FCFA pour les chambres ventilées et 12 000 FCFA pour les chambres climatisées. En fait, pour avoir dormi dans des conditions dix fois plus désagréables lors de mes précédents reportages à travers le pays, en plein air, dans des gares, des stations, des hangars ou encore dans des mosquées, parfois même à même le sol, je choisis de prendre une chambre ventilée à 5000 FCFA la nuit, histoire de faire des économies, l’essentiel étant de dormir.
Alpha Blondy ; Mamadou DOUMBIA
Selon les informations que je recueille auprès de certaines personnes présentes dans ce réceptif hôtelier à mon arrivée, c’est dans ce lieu que les chanteurs tels Mamadou Doumbia et Alpha BLONDY ont fait leurs premières prestations. Concernant Alpha Blondy particulièrement, un des habitués de l’hôtel qui affirme avoir fait la jeunesse avec lui à Odienné, me fait l’historique de l’amitié entre notre reggae-Star et Salia son ami, mort noyé dans un fleuve de l’endroit. Selon mon informateur occasionnel, ce décès a été un choc pour notre star national. Cet interlocuteur qui semble bien le connaître, me parle également de Bintou Diallo l’amour de jeunesse à la reggae star qui comme Salia, a été le sujet d’une des chansons à succès de Jagger comme ne cessait de l’appelle mon informateur.
Après avoir pris un bon bain qui me permet de me décrasser, je sors prendre des forces dans un restaurant, la primature. Pour y parvenir, j’emprunte un mototaxi. Avec la somme de 15 00 FCFA, je mange un bon plat de Tchêp au poulet .L’endroit est propre et fréquenté par de nombreux fonctionnaires de la ville. Par la suite, je retourne à l’hôtel où je mets au lit afin de me réveiller très tôt en vue de prendre le car pour Minignan, passage obligatoire pour Sokoro ma destination finale en cette première phase de mon voyage.
A 06 heures, je suis à la gare. Malheureusement, à mon arrivée, le véhicule était déjà parti et cela bien avant 06 heures m’apprend-on, jour de marché oblige. Un habitant de la ville venu récupérer un colis en provenance de Man qui connait bien la région, me conseille de me rendre au corridor où je peux avoir la chance de tomber sur d’éventuels cars en provenance d’Abidjan. Je m’exécute sans autre forme de procès en empruntant de nouveau un moto taxi et, par la grâce de Dieu, je trouve un car en partance pour Minignan venant d’Abidjan avec des passagers pour la plupart des Maliens qui se rendent dans ce pays qui fait frontière avec la Côte d’Ivoire.
Trajet Odienné Minignan : la forêt plein la vue au Nord du pays
Le trajet se passe sans problèmes avec en prime, la découverte d’un paysage parsemé de verdure. Une succession de végétation dominée la forêt qu’elle soit arboré ou sous formes galerie. Le terme forêt peut prêter à confusion puisque dans l’entendement général, le Nord de la Côte d’Ivoire est une zone de savane. La végétation que je vois, n’a rien à voir avec la savane fût-elle arborée. Il s’agit bien de forêt. C’est peut-être l’effet de la pluie, car il pleut abondamment sur le Nord du pays en cette période de l’année. Effectivement, ces différentes forêts que je découvre, n’ont rien à envier à celle du Sud ou de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. A certains endroits j’ai eu même l’impression d’être dans la forêt du Banco.
Le règne sans partage de l’anacarde
Sur le chemin s’étalent de vastes champs d’anacarde, culture de rente principale de la région .Au-delà de cet « or » du Nord. Je dénombre parfois des fermes avec beaucoup de bœufs surtout, qui côtoient des moutons .Quelques fois, des champs de riz apparaissent. En fait, la région du Folon selon les spécialistes dans le domaine agricole, constitue un inestimable potentiel d’activités agricoles et pastorales avec la culture des mangues, de l’oignon, du riz, de l’igname, du manioc, de l’arachide, et même de la pomme de terre le soja. Mais hélas, ce potentiel n’est pas exploité. Cette triste réalité suscite à mon niveau de nombreuses interrogations :
Une terre fertile et arrosée mais inexploitée
Pourquoi avec cette végétation, et ces terres si fertiles arrosées par une pluviométrie abondante, le Nord du pays n’est pas productrice de denrée alimentaires et n’est pas autosuffisante en matière de nourriture ? Effectivement ,pour avoir effectué des reportages dans cette zone en 2009 puis en 2015 à Madinani, Séguélon, Faracoro et alentours, j’ai découvert dans cette région de l’hévéa, du palmier à huile, et même du café à Gbongaha .Ces mêmes reportages , m’ont permis de constater que la région du Denguelé est la zone la plus arrosée de Côte d’ivoire avec 1800 centimètres de pluie et pourtant, les cultures vivrières font défaut .Cette vérité me sera le signifiée par un gendarme que je vais rencontrer plus tard sur la route de Gbéléban. Ce dernier avec qui j’ai eu à échanger à un barrage routier m’a dit ce qui suit avec beaucoup d’amertume dans la voix : « vos parents monsieur, ne s’intéressent qu’à l’anacarde si bien que nous n’avons pas de quoi manger ici.». Sans commentaire
Les travaux routiers en cours pour relier la Côte d’Ivoire à la Guinée
Contre fortune bon cœur, je me reconcentre sur les travaux routiers en cours, notamment de petits ponts appelés « ouvrages d’arts » dans le langage des spécialistes des Ponts et chaussés .Ces ouvrages sont en grand nombre et sont construits par des Chinois. Ces derniers sont sur le terrain avec leurs collaborateurs ivoiriens. Je dénombre durant tout le trajet vers Minignan, au moins une cinquantaine de ces ponts. Une de ces structure est même dénommée pont de Gouenzhou, nom d’une province de Chine. Ces réalisations font partie de la route internationale qui va relier la Côte d’Ivoire à la Guinée.
Après renseignement j’apprends de manière plus précise que ces travaux font partie du tronçon Odienné-Minignan-frontière Guinée avec la bretelle Minignan-Sokoro. Ils sont financés par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA). De même, pendant que notre car avance allègrement vers Minignan, se succèdent beaucoup de villages avec de l’électricité, des écoles primaires, des points d’eau, des châteaux améliorés. A kimbirila Sud, une sous-préfecture, se dresse fièrement un collège flambant neuf.
Un autre constat, sur le parcours, des barrages des forces de l’ordre constitués d’unités mixtes de l’armée de la police et de la gendarmerie qui nous imposent des arrêts. Je découvre pour la première fois, une unité anti-drogue de la gendarmerie, chose que je n’avais jamais constatée au sud du pays d’où je viens. Nous arrivons à Minignan aux environs de 09 heures.
Minignan
Minignan est une ville du nord-ouest de la Côte d’Ivoire qui se situe au nord d’Odienné. C’est le chef-lieu de la région du Folon, district du Denguelé. Faisant frontière au nord avec le Mali, à l’ouest avec la Guinée, la région du Folon compte deux départements : Minignan, chef-lieu, et Kaniasso. Ces deux départements cumulent au total, sept sous-préfectures. Mais, en termes de ville, c’est un modeste chef –lieu de préfecture comparé aux agglomérations du Sud et du centre du pays. Sa population est évaluée à environ 18 000 habitants.
La première agglomération de la Guinée voisine, Noumoudjila est située à peine 09 kilomètres. Et justement, notre arrivée à la gare de cette ville située aux confins d’Abidjan, coïncide avec l’arrivée de deux cars en partance pour la Guinée. On m’apprend que la frontière est fermée sans me dire pourquoi, Je pense à la COVID 9 ou encore au dernier coup d’Etat qui a eu lieu dans ce pays limitrophe. Toujours est-il que la frontière est fermée. Cependant : « le passage se négocie actuellement à 15 000 FCFA pour un trajet qui revient à 1500 FCFA en temps normal », nous signale une vendeuse de brochettes à la gare ; soit 10 fois le prix du transport normal. Un bon « business » donc pour les forces de l’ordre et les douaniers de la ville puisque le trafic est beaucoup développé à cette ville frontalière où je tombe sur des brochettes confectionnées avec de la viande fraiche à 50 francs l’unité.
Le kilo de viande à 1500 FCFA
J’en achète pour 650 F, au grand étonnement de la vendeuse qui sait que je viens d’Abidjan. Devant mon étonnement, celle-ci me fait savoir qu’à Minignan, le kilogramme de viande est fixé 15 00 FCFA et peut se négocier à 1300 FCFA, l’après-midi .A Abidjan, ce même kilogramme de viande est fixé à 3000 FCFA soit le double du prix de Minignan. Tout compte fait, cela se comprend car nous sommes à 1000 kilomètres de la capitale économique de notre pays et en plus, sans être comme le Niger ou le Burkina Faso, le district du Denguelé est une des zones productrice de bœuf
Tout de même, la dame s’empresse de m’informer qu’à part la viande, il est difficile de trouver d’autres denrées alimentaires tels que la banane plantain servant à faire du foutou, l’igname, l’attiéké, en un mot, les aliments de consommation habituel qu’on trouve abondamment dans les autres régions du pays.D’où l’épineuse question des cultures vivrières dans la région du Denguelé.
Après la restauration, il faut partir à Sokoro distant de 25 kilomètres. Le trajet se fait à moto dans la mesure où, il n’y a pas de voiture disponible. Un élève malien qui doit se rendre dans son pays pour une inscription à l’université et moi, empruntons un mototaxi à 6000 FCFA soit 3000 FCFA par personne.
A SUIVRE : SOKORO ? LA VILLE A LA MOSQUEEE MULTICENTENAIRE .