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ÉTHIOPIE – ÉRYTHREE : LA PAIX APRES DES DECENNIES DE GUERRE

L’Éthiopie et l’Érythrée ont signé, lundi, à Asmara, un accord de paix. Retour sur l’histoire commune de ces deux États, qui se sont affrontés pendant plusieurs décennies.

« L’état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin. Une nouvelle ère de paix et d’amitié s’ouvre », précise le texte signé lundi 9 juillet à Asmara par le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

Attendue depuis près de vingt ans, cette paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée survient après des semaines de rapprochements et au lendemain du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Deux États qui partagent une histoire commune, jalonnée de plusieurs décennies d’hostilité : trente ans de guerre d’indépendance, puis un différend frontalier à l’origine d’un conflit de 1998 à 2000.

Guerre d’indépendance de l’Érythrée

En 1962, l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié annexe l’Érythrée, alors « entité autonome » fédérée à l’Éthiopie.

En mai 1991, après trente ans de guerre contre le pouvoir central, les rebelles indépendantistes du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), qui ont grandement participé au renversement du régime (1974-1991) de Mengistu Haïlé Mariam, s’emparent de la capitale Asmara et installent un gouvernement dirigé par le président Issaias Afeworki.

L’Érythrée devient officiellement indépendante le 24 mai 1993, et récupère le contrôle des ports de Massawa et d’Assab, faisant perdre à l’Éthiopie son unique façade maritime, sur la mer Rouge.

Frontière meurtrière

En mai 1998, les deux voisins entrent en guerre en partie pour quelques centaines de km2 désertiques situés le long de leur frontière commune.

L’Érythrée accuse l’Éthiopie d’avoir changé à son insu le tracé de la frontière, long de quelque 1 000 km, resté flou à l’indépendance. Addis Abeba accuse Asmara d’avoir violé son territoire en envahissant la zone de Badme, au nord-ouest de l’Éthiopie. Deux ans plus tard, après l’échec de négociations, les forces éthiopiennes lancent une vaste offensive, enfonçant les lignes érythréennes.

Un accord de paix, signé en décembre 2000 à Alger, met fin au conflit qui a fait quelque 80 000 morts. Une zone temporaire de sécurité – zone tampon de 25 km de large le long de la frontière – est établie, surveillée par l’ONU.

Arbitrage international

En avril 2002, en collaboration avec la Cour d’arbitrage international de La Haye, la commission frontalière indépendante chargée de délimiter le nouveau tracé accorde des territoires à chaque partie et attribue la région contestée de Badme à l’Érythrée.

L’Éthiopie rejette la décision de la commission en septembre 2003, la jugeant « totalement illégale et injuste ». Fin novembre 2004, elle déclare finalement accepter le « principe » de l’accord frontalier, réclamant toutefois des « ajustements », refusés par Asmara.

Des tensions qui persistent

Les deux voisins multiplient les déclarations belliqueuses et s’accusent mutuellement d’avoir commis des attaques et de soutenir des rebelles dans chaque pays.

En 2005, des mouvements de troupes sont à plusieurs reprises signalés dans la zone frontalière. La Mission de l’ONU (Minuee) est entravée dans son travail par les autorités érythréennes, qui accusent l’ONU de favoriser l’Éthiopie dans leur différend, expulsent son personnel et lui interdisent le survol du pays en hélicoptère.

Des affrontements périodiques laissent craindre une reprise d’un conflit à grande échelle, comme en juin 2016 lorsqu’un violent accrochage oppose les deux armées à la frontière, faisant monter la tension d’un cran.

La paix

Début juin 2018, le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed annonce sa volonté de mettre un terme au litige frontalier. L’Éthiopie est prête à appliquer l’accord de paix de 2000 et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la frontière.

FRANCE 24

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