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GUINEE : LE CARDINAL SARAH INTERPELLE LE PRESIDENT MAMADI DOUMBOUYA

Mercredi 29 décembre, le cardinal Robert Sarah, ancien archevêque de Conakry et préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a présidé une messe pour « la paix, l’unité, la réconciliation et la prospérité de la Guinée ».

Le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’est encore adressé à la junte militaire qui dirige son pays, la République de Guinée, depuis le mois de septembre, après un coup d’État contre Alpha Condé.

Au cours d’une messe pour « la paix, l’unité, la réconciliation et la prospérité de la Guinée », l’ancien archevêque de Conakry a demandé au président Mamadi Doumbouya, « à son gouvernement et à ses compagnons de route sur le chemin de la Transition de rester fidèles aux engagements solennels pris devant le peuple de Guinée, le 5 septembre 2021 ».

Responsabilités

Le cardinal Sarah, qui avait déjà écrit au chef de la junte – dans une lettre datée du 13 septembre où il lui prodiguait des conseils –, l’a de nouveau interpellé sur ses responsabilités. « L’accueil unanime, spontané et enthousiaste de la population guinéenne à l’avènement du Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD) est un signe éloquent d’une grande espérance placée sur vos épaules, monsieur le Président », a-t-il insisté.

Pour lui, un changement véritable de la situation en Guinée ne peut se faire qu’avec un changement moral. Le chef de l’État doit « travailler en étroite collaboration et avec clarté, franchise et totale confiance avec son premier ministre et son gouvernement composé d’hommes et de femmes qualifiés, compétents, intègres, d’une grande probité morale et animés de l’unique désir de servir leur pays et leurs frères et sœurs ».

Mauvaises décisions

Dans son homélie du 29 décembre, le cardinal Sarah a durement fustigé certaines décisions prises par le pouvoir guinéen ces dernières semaines. « J’ignore qui vous a, en l’espace de trois mois de prise de pouvoir, induit à prendre deux décisions d’une gravité énorme qui ont rouvert de grandes blessures dans les cœurs de beaucoup de Guinéens, a-t-il dénoncé. La première décision maladroite consiste dans le fait de rebaptiser l’aéroport de Conakry d’un nom qui fait polémique. La deuxième décision grave et injuste, c’est d’avoir restitué à Mme Hadja Andrée Touré non seulement un bien qui n’appartient ni à elle, ni à son mari, mais de lui avoir restitué un bien de Dieu et de l’Église. »

Le 16 décembre, le président Doumbouyah a rebaptisé l’aéroport de Conakry au nom du premier président, Ahmed-Sékou-Touré, premier président de Guinée dont les abus avaient été à plusieurs reprises dénoncés par le cardinal Sarah, alors archevêque de Conakry. Le président de la junte militaire guinéenne a par ailleurs décidé de restituer à la veuve de Sékou Touré, Hadja Andrée Touré, des biens fonciers et immobiliers dont le cardinal Sarah rappelle qu’ils sont la propriété de l’Église catholique. « Sékou Touré a confisqué le domaine du Séminaire de Dixinn qui est un bien de l’Église, pour construire les villas Syli destinées à accueillir les hôtes de marque et y organiser des événements solennels, tels que les réceptions du 31 décembre », a-t-il insisté.

Djihadistes

En plus de son pays, le cardinal Sarah s’est adressé à tout le continent africain, « menacé par les djihadistes », invitant à assurer la sécurité des populations. « L’Afrique perd son temps, son énergie dans des débats inutiles et interminables portant sur des concepts de démocratie et de multipartisme tout à fait étrangers aux exigences de développement social et déconnectés de la culture, de la société et de l’histoire de notre continent africain », a-t-il, en outre, constaté.

Lucie Sarr,

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