(NDLR : les photos sont de la rédaction)

S’il y a un peuple qui souffre le martyr depuis plus d’un demi-siècle c’est bien le peuple palestinien.

Ne pouvant compter sur le Droit International pour la prise en compte de ses intérêts, il a bénéficié du soutien du monde arabo-musulman et des progressistes du monde entier pour s’aménager une marge dans le concert des nations. La défense de sa cause a été le déclencheur de guerres ouvertes entre pays arabes et l’Etat d’Israël et d’au moins une grande crise économique et financière qui a totalement bouleversé dans les années 1970 l’ordre économique mondial issu de Bretons Wood. Les Nations Unies qui ont créé le contentieux qui oppose ce peuple à l’Etat d’Israël peinent à pouvoir protéger les droits de ce dernier à travers la centaine de résolutions votées par son Assemblée Générale qui sont restées lettres mortes à ce jour. Cette situation est d’autant plus dramatique que la promesse faite par la communauté internationale à la sortie de la seconde guerre mondiale de garantir la paix et la sécurité mondiale sur la base du droit et de la légalité internationale semble adressé à tous sauf au peuple palestinien.

Dès lors, dans le désespoir de ne pouvoir bénéficier du soutien du droit et de la légalité pour affirmer et garantir leurs droits, des enfants palestiniens sont amenés à adopter des postures suicidaires d’autodéfense qui occasionnent toujours une réaction plus que disproportionnée faisant couler le sang d’innocents dans les deux camps. Les peuples ne sont jamais mauvais, seuls les individus le sont parfois et la meilleure manière de compatir à la détresse de quelqu’un est de s’imaginer à sa place.

Tous les processus de paix qui ont été initiés à ce jour avec plus ou moins de réussite, n’ont pas donnés la préséance à la légalité internationale mais ont été forgés dans le ciment des arrangements diplomatiques et financiers réputés consensuels. Les palestiniens qui siègent toujours dans ces forums en position de faiblesse ont-ils jamais eu la possibilité d’y faire primer leurs attentes légitimes ? Rien n’est moins sûr. Cependant, ces différents « accords » étaient des références et des bases de discussions pour avancer tant que leurs parrains jouaient leur partition financière mais surtout de garants pour empêcher toute évolution unilatérale du dossier.

Tout conflit qui s’éternise finit par voir son ADN transformé par les contingences et les soubresauts des périodes qu’il traverse. Aujourd’hui, la question palestinienne comme toutes les autres questions pendantes au Proche et Moyen Orient s’envisage en plus de l’obsession sécuritaire d’Israël à travers le prisme de la rivalité mortifère entre l’Iran et l’Arabie Saoudite.

Les enjeux de suivies que cela impliquent pour les différents protagonistes, les a poussé à appliquer la règle qui dispose que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». C’est ainsi que des rapprochements dont on soupçonnait déjà l’existence entre Israël et certains pays Arabes s’affichent désormais au grand jour. Toute chose qui n’est pas sans conséquences sur la lecture que ces derniers ont de la crise Israélo-palestinienne.

La symbolique de l’avion du Président Trump qui a relié directement sans détour le 22 Mai 2017 la capitale saoudienne Ryad à la capitale Israélienne Tel Aviv brisant ainsi pour la première fois le « no fly-zone » entre les deux pays n’a échappé à personne. Le second avion de l’escorte présidentielle transportant les journalistes à lui fait un détour par Chypre.

On a donc compris que l’arrivée au pouvoir de Trump et l’abandon du rôle d’arbitre des Etats-Unis dans le conflit au profit d’une attitude ouvertement partisane en faveur d’Israël a fini par rabattre toutes les cartes en défaveur des palestiniens. Dès lors, la reconnaissance de Jérusalem par les Etats-Unis comme Capitale de l’Etat d’Israël au mépris des tous leurs engagements apparaît simplement comme la manifestation la plus brutale de ce parti pris qui a achevé de disqualifier tous les protagonistes extérieurs de ce conflit et livré le peuple palestinien à son sort. Même la solution à deux Etats sur la base du Droit et de la légalité internationale semble ne plus être la priorité pour nombre d’Etats considérés jusqu’à récemment encore comme des soutiens de premiers ordre du peuple palestinien et qui ont tout simplement décidé d’abdiquer de cette posture historique.

Dès lors, la question qui arrive involontairement est celle-ci : Que vont-ils faire de ce peuple qui vit un tournent sans trêve depuis plus d’un demi-siècle ?

Les Etats étant prisonniers de leurs intérêts qui priment sur toutes les considérations éthiques et humanistes, il ne reste plus que l’opinion publique mondiale largement sensibilisée au drame que vivent les palestiniens, pour faire pression si tant est que cela serve à quelque chose, afin de mettre ce peuple sous la protection du droit international.

Mais de même le monde a dénoncé hier l’injustice faite au peuple juif en Europe durant la seconde guerre mondiale, de même il doit apporter aujourd’hui son soutien au peuple palestinien.

L’horizon n’a jamais été aussi sombre et incertain pour ce peuple. L’Histoire ne peut être évoquée comme un passe-droit et rien de pérenne ne s’est jamais construit à travers son cours sur la négation des droits élémentaires des autres. Il faut espérer que ces vérités soient prises en compte dans tout ce qui se trame pour ou contre ce peuple !

Moritié Camara

Maitre de Conférences d’Histoire des Relations Internationales

Asriesa2012@gmail.com

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