Bruxelles a infligé mercredi à Google une amende de 4,3 milliards d’euros, la plus lourde de son histoire, pour abus de position dominante dans le secteur des smartphones.
Android coûte cher à Google. Le populaire système d’exploitation pour smartphone est au cœur de l’amende record infligé au géant américain de l’Internet par l’Union européenne (UE), mercredi 18 juillet. Bruxelles lui a ordonné de payer 4,3 milliards d’euros pour abus de position dominante dans le secteur du mobile. C’est près du double de la sanction de 2,4 milliards d’euros infligée en 2017 pour les pratiques jugées abusives de son comparateur d’achats en ligne Google Shopping.
La Commission européenne a conclu que les pratiques commerciales de Google avaient empêché d’autres systèmes d’exploitation pour smartphone d’émerger, et avaient cimenté la domination du groupe californien dans la recherche sur Internet. Concrètement, la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager estime que Google a « illégalement » lié l’installation de plusieurs de ses applications (comme le navigateur Chrome) sur un smartphone en contrepartie du droit d’utiliser le système d’exploitation Android. Les constructeurs de smartphones ont aussi, d’après Margrethe Vestager, reçu des « incitations financières » pour préinstaller la barre de recherche Google et ne pas offrir d’alternatives aux utilisateurs des smartphones Android.
L’amende conclut une enquête débutée en 2015, à la suite d’une plainte du consortium Fairsearch, composée notamment de Nokia, Microsoft et Oracle. Ils estimaient que Google profitait de ses 62 % de parts de marché en Europe pour empêcher illégalement ses concurrents de se faire une place sur le Vieux continent. Trois ans plus tard, Android a encore accentué sa domination avec plus de 70 % des parts de marché en Europe.
Reste la publicité
Google a vivement contesté les conclusions de la Commission européenne. La sanction « est basée sur la supposition qu’Android n’était pas en concurrence avec iOS d’Apple [le système d’exploitation des iPhone, NDLR]. Nous ne voyons pas les choses de cette manière, et Apple, les constructeurs de smartphone, les développeurs [d’applications] et les utilisateurs non plus », a soutenu Kent Walker, vice-Président de Google, interrogé par le Financial Times.
Si cette amende est la plus importante jamais infligée par la Commission européenne, Google aurait pu être condamné à payer bien plus. Les règles européennes pour abus de position dominante permettent à Bruxelles d’exiger jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel de l’entité sanctionnée, ce qui équivaut, dans le cas de Google, à une amende maximum de 9,55 milliards d’euros.
Et cette amende ne met pas un point final aux problèmes européens du géant américain. La Commission européenne a encore un tour dans son sac : une enquête sur les pratiques publicitaires de Google. L’UE cherche à déterminer si le groupe californien a abusé de sa position dominante dans la recherche sur Internet pour donner un avantage illégal à ses propres services de publicité. Cette troisième affaire (après Google Shopping et Android) est d’autant plus sensible que la publicité est la source quasi-exclusive des profits de Google.