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NUCLEAIRE IRANIEN: L’ARABIE SAOUDITE COMPTE SUR TRUMP POUR FAIRE RECULER TEHERAN

Les Etats-Unis vont-ils se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 ? Ce mardi 8 mai, devrait être crucial puisque le Président américain peut rétablir des sanctions visant Téhéran ou décider de prolonger leur suspension. L’Arabie saoudite espère que cet épisode permettra de modifier son rapport de force avec l’Iran. Les deux puissances s’affrontent dans un vaste bras de fer régional.

En visite ces dernières semaines aux Etats-Unis et en Europe, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salman a eu des mots très durs pour critiquer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien (JCPOA), estimant que l’Iran en avait retiré un bénéfice économique qui lui a permis d’étendre son influence régionale.

Les défenseurs de l’accord rappellent que le JCPOA a permis de mettre fin à une grave crise de prolifération nucléaire et l’Agence internationale de l’énergie atomique confirme à intervalles réguliers que l’Iran respecte ses obligations. Mais cela ne convainc pas Riyad, qui ne veut voir qu’un accord insuffisant et inefficace. « Le premier problème, c’est que l’accord est prévu pour durer jusqu’en 2025 et après ça, les Iraniens sont prêts à fabriquer la bombe atomique », affirme Shami Al Zahri, général saoudien à la retraite et ancien conseiller du ministère de la Défense. « Et puis [les Iraniens] ont travaillé très dur pour fabriquer beaucoup de missiles, particulièrement des missiles de longue-portée. Cela montre bien que l’accord ne fonctionne pas, puisque les missiles servent de vecteur à la force nucléaire », assure l’ancien haut-gradé saoudien.

Iran et guerre au Yémen

L’Arabie Saoudite accuse Téhéran d’être responsable de tous les maux de la région. « Ils implantent des milices en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen », lance Jaber Al Siwat, un ingénieur de Riyad, très actif sur les réseaux sociaux pour défendre la politique régionale de son pays. Dernier épisode en date : la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Iran, Rabat accusant l’Iran et le Hezbollah (libanais, allié de Téhéran) d’avoir fourni des armes aux indépendantistes sahraoui du Front Polisario. Riyad a immédiatement apporté son soutien aux autorités marocaines.

Au Yémen, cela fait trois ans que l’Arabie saoudite et ses alliés combattent la rébellion chiite des Houthis. Un conflit qui fait de nombreuses victimes civiles et qui provoque la plus grave crise humanitaire au monde selon l’ONU. « Les Houthis ont été créés par l’Iran et implantés au Yémen par l’Iran pour déstabiliser l’Arabie Saoudite », lance Jaber al Siwat qui rappelle que des missiles tirés du Yémen ont visé le Royaume et notamment Riyad la capitale, au cours des derniers mois. Pour ce Saoudien, cela ne fait aucun doute : « Les Houthis ont reçu de nouvelles armes que les Gardiens de la Révolution iraniens ont pu leur livrer. Quelques-uns de ces missiles ont été tirés en direction de Riyad, heureusement nous avons le système anti-missile Patriot qui les a interceptés ». Dans la nuit de dimanche à lundi, deux missiles ont encore été tirés en direction du territoire saoudien ; ils ont été interceptés et n’ont fait ni victimes ni dégâts. L’Iran, de son côté, dément catégoriquement fournir des armes aux rebelles Houthis du Yémen.

Le scénario du rapprochement avec Israël

Les propos de l’Arabie saoudite à l’égard de l’Iran et de l’accord de 2015 résonnent avec ceux tenus en Israël. Ces deux pays sont des alliés historiques de Washington dans la région et ils ont mal supporté les huit années de présidence de Barack Obama aux Etats-Unis, s’estimant trahis par ce président américain qui a tout fait pour signer l’accord avec Téhéran. Cette convergence de vues entre Saoudiens et Israéliens alimente régulièrement le scénario d’un rapprochement entre les deux pays. Cependant, la position officielle saoudienne reste inchangée, elle a été réaffirmée le mois dernier à l’occasion du Sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu dans le royaume : la paix avec Israël passera par l’établissement d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. « Cela toujours été notre priorité et cela le restera toujours, assure Hanan al Ahmadi, membre du Majlis Al Choura (le Conseil Consultatif dont les 150 membres sont nommés par le roi), mais l’Iran est un problème nouveau, qui a émergé ces dernières années et qui devient une menace ».

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