En continuant d’exploser les compteurs du box-office, aux US comme en Afrique, le comic des Studios Marvel, Black Panther, confirme son impact, tant sur le plan économique qu’identitaire, auprès de l’Afrique et ses descendants.
Des productions indépendantes à faible budget, à destination d’un public de niche, les Africains-Américains, et d’initiés. Si le premier du genre, Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (Melvin Van Peebles, 1971), rapportera tout de même 15 millions de dollars à Hollywood, le mouvement s’inscrit dans une tradition cinématographique communautaire. Là où Black Panther, avec un budget colossal de 200 millions de dollars, se veut taillé pour le grand public. Et tous les publics. Une première donc…
Rassembler les Africains
Les derniers chiffres du box-office nord-américain viennent de tomber, et, sans surprise, le blockbuster – co-écrit et réalisé par l’Africain-Américain Ryan Coogler -, continue à dominer le paysage. Pour sa quatrième semaine d’exploitation, le film a généré 41,1 millions de dollars de recettes, 562 millions depuis sa sortie, et plus d’un milliard dans le monde. Concernant le marché africain, la superproduction a connu le meilleur démarrage de tous les temps au mois de février en Afrique de l’Est (400 000 dollars) et de l’Ouest (300 000), selon le New York Times. Tandis qu’elle s’arrache la troisième place des meilleures sorties de l’histoire du box-office en Afrique du Sud (1,4 millions d’entrées).
D’ordinaire désertées, les salles obscures, au demeurant peu nombreuses en Afrique faute de réelle industrie sur le continent – hormis Nollywood au Nigeria – sont pleine à craquer. Black Panther a inversé la tendance en ramenant le public africain dans les salles obscures. Les scores affichés, certes nettement plus faibles qu’outre-Atlantique, prouvent par ailleurs la potentielle (re)naissance d’un marché de l’exploitation en Afrique, jusque-là quasi inexistant.
D’après le LA Times, les salles d’Imax Corp. – société de divertissement spécialisée dans les technologies cinématographiques – implantées au Nigeria et au Kenya ont battu les records de fréquentation. Du côté de l’Afrique francophone, en particulier en Côte d’Ivoire où s’est tenu le Marvel Festival à Abidjan, les tickets se sont vendus comme des petits pains le 17 février dernier, laissant plus d’un spectateur sur le carreau. Au total, ce sont trois cinémas qui ont fait salle comble : le Palais de la Culture, le Majestic Prima et Majestic Sococé.
Même dans les départements ultramarins, comme en Martinique, le film a rencontré un franc succès auprès du public. Si aucun chiffre n’a été communiqué par l’unique salle de l’île, le Palais des Congrès, l’engouement a été général avec des projections complètes, tant en 2D qu’en 3D, en VF qu’en VO, selon France TV.
Une prouesse que l’on doit à un casting étoilé et à 95% noir. Mais ce n’est pas tant le personnage de Chadwick Boseman, premier super-héros noir de l’histoire des comics, que l’Afrique qui tient le rôle-titre : c’est elle qui va sauver le monde ! Une image positive inédite du continent, véhiculée à travers ce pays fictif et utopique, le Wakanda : terre puissante et prospère. Rien d’étonnant à ce que cet écrin afro-optimiste ait rassemblé les Africains dans un élan de fierté identitaire