Leader à la mi-course, le pilote Toyota ne se contente pas de briller sur les pistes, il apprécie de jouer les VRP pour l’épreuve comme pour son pays.
La scène semble surréaliste. À plusieurs reprises depuis le départ du Dakar, lundi dernier, des drapeaux qataris sont agités par des fans péruviens sur les bords de la route. Pourtant, le micro-État est à plus de 14 000 kilomètres de là et il faut plus de 20 heures de vol pour rallier Doha depuis Lima. Mais chez les fans de sport automobile en Amérique latine, arborer ce drapeau est une manière de soutenir un homme, incontournable des bivouacs : Nasser Al-Attiyah.
« Nasser, c’est un enfant du désert » (Peterhansel)
Le pilote, déjà double vainqueur (en 2011 et en 2015), avait terminé 2e l’an dernier. Les modifications réalisées depuis sur sa Toyota Hilux semblent porter leurs fruits. Al-Attiyah survole le début de la compétition, lui qui s’est déjà offert deux étapes (la 1re et la 4e) et dispose d’une avance importante au général (24 min 42 s sur Stéphane Peterhansel. « Pour l’instant, on respecte notre feuille de route à la lettre », souligne le pilote qui a hâte de retrouver les dunes, la semaine prochaine, pour conforter sa première place.
« Nasser, c’est un enfant du désert, soulignait au départ Stéphane Peterhansel. Même avec toute l’expérience que l’on peut accumuler, on ne pourra jamais avoir sa même aisance dans les dunes ». Le pilote Toyota savoure : « Le Dakar, je le prépare toute l’année, ça fait partie de ma vie. » Et le Qatari ne se contente pas de la compétition : il se fait l’ambassadeur de la discipline.
Prêt à faire découvrir le rallye-raid à Alonso
Très connu dans le milieu du sport automobile, lui qui a déjà couru à 2 reprises les 24 Heures du Nürburgring, échangent avec les plus grandes stars de la discipline. Il avait déjà invité Sébastien Loeb à un test dans le désert, avant que l’Alsacien ne se lance dans le rallye-raid. Cette semaine, ce sont ses conversations avec Fernando Alonso qui ont agité la presse espagnole.
Al-Attiyah a en effet invité le double champion du monde de F1 à des essais dans le désert qatari fin janvier. « Pour continuer à se développer, le Dakar a besoin de têtes d’affiche et de stars d’envergure internationale. On en a beaucoup parlé avec Alonso et il serait tenté par le challenge. J’en parle aussi à Valentino Rossi et je sais qu’il ne serait pas contre non plus. »
« De très bonnes relations avec l’émir » (Al-Attiyah)
Ambassadeur officieux du Dakar – « j’ai cette course dans mon ADN » –, il est l’est aussi de son pays, le Qatar. D’ailleurs, il fait partie, officiellement cette fois-ci, des ambassadeurs de la Coupe du monde qui s’y disputera en 2022. « Dès mon premier Dakar, en 2004, le gouvernement m’a soutenu et ça ne s’est jamais arrêté, confie-t-il au Point. Je le dois à ma très bonne relation avec l’émir qui apprécie ce que je fais en sport automobile. »
Pour lui, le sport automobile aide au « soft power » du pays à l’image des investissements massifs dans le football, que ce soit avec le PSG ou l’organisation du Mondial. « Nous sommes un petit pays, mais, désormais, le monde entier nous connaît. » Le Dakar offre parfois des situations étonnantes : Nasser Al-Attiyah bataille sur les pistes au côté du Saoudien Yazeed Al-Rajhi, alors qu’une crise diplomatique latente couve entre les deux pays depuis deux ans. Mais dans les bivouacs, pas question de parler de politique. Pour Nasser Al-Attiyah, il y a un Dakar à gagner et une façon de marquer l’histoire : s’il s’imposait, il offrirait à Toyota sa première victoire dans l’histoire du mythique rallye-raid.
Publié le 12/01/2019 à 14h22