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UN «SOMMET POUR LA DEMOCRATIE», POUR QUOI FAIRE ?

Cette semaine, nous nous intéressons au « sommet mondial pour la démocratie » qui, à l’initiative du président américain Joe Biden, doit se dérouler les 9 et 10 décembre prochains en visioconférence. Ce sommet pour la démocratie peut-il renforcer les États démocratiques dans un contexte plus que volatile ?

Un engagement de campagne

Ce sommet mondial pour la démocratie a été voulu par Joe Biden. C’était même un de ses engagements de campagne. L’idée pour le président américain, c’est de débattre des moyens de renforcer les fondements de la démocratie dans une période où ceux-ci sont régulièrement attaqués par certains groupes et groupuscules sur les réseaux sociaux, et par certains États qui préconisent un modèle différent ou s’éloignent de leur base démocratique, sélectionnant, en quelque sorte, ce qui peut rester démocratique et ce qui doit être plus encadré, plus surveillé, voire réprimé.

L’idée peut sembler noble. Mais elle est aussi au cœur de la stratégie de Joe Biden, que ce soit en interne ou vis-à-vis d’autres puissances à l’étranger.

L’idéal démocratique américain abîmé

En interne, les quatre ans de présidence Trump ont fortement abîmé l’idéal démocratique américain. Par sa volonté persistante de dénigrer le processus électoral en parlant sans cesse de fraudes et de tromperie, Donald Trump a sérieusement entaché le crédit accordé à l’élection, qui est un des crédos du système démocratique. Pire, il a encouragé ses partisans à marcher sur le Capitole, créant une situation qui pendant quelques heures en janvier dernier, a fait vaciller la démocratie américaine.

Démocratie est toujours fragile,

Presque un an plus tard, malgré l’élection de Joe Biden, cette démocratie est toujours fragile, contestée et critiquée. Voilà pourquoi le président américain estime important de réitérer l’adhésion totale des États-Unis à ce système politique.

Vis-à-vis de l’extérieur, Joe Biden veut se présenter à l’occasion de ce sommet comme le leader des États démocratiques. Un leader en soi, mais aussi – et c’est là que ça se complique –, un leader pour mener le combat culturel et idéologique contre les États qui questionnent ou empêchent le fonctionnement démocratique chez eux – en réduisant ou supprimant l’État de droit, les libertés individuelles, la liberté de conscience et d’expression, le droit à manifester et à s’opposer au pouvoir en place, sans parler des élections massivement truquées.

Du coup, la question s’est posée de savoir qui inviter à ce sommet et sur quels critères ? Finalement, 110 pays ont été conviés et certaines invitations surprennent. Par exemple, pourquoi convier la Pologne, mais pas la Hongrie ? Le Pakistan ou le Brésil, mais pas la Turquie ?

Exit Chine et Russie

Surtout, deux États n’ont pas été invités : la Chine et la Russie. Le message de Washington est clair : pas question d’inviter deux pays qui, au quotidien, foulent aux pieds les idéaux démocratiques.

Ce faisant, Biden prend le risque assumé de se voir accusé d’instrumentaliser ce sommet pour en faire la réunion des pays du « bien » contre ceux qui incarnent le « mal », et de relancer, par là même, une forme de guerre froide.

Pékin et Moscou ont protesté contre cette exclusion. Mais à Washington, c’est exactement ce qu’on cherche : disqualifier ces États et réaffirmer avec force que comme le disait Churchill, « la démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres ».

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