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XI JINPING EN VISITE DANS UNE ARABIE SAOUDITE QUI S’EMANCIPE DES AMERICAINS

Le numéro un chinois Xi Jinping est arrivé le mercredi 07 décembre 2022 en Arabie saoudite où il a séjourné pendant trois jours ; sa première visite au Moyen Orient depuis 2016

UNE RECHERCHE D’EMANCIPATION

La visite du président chinois chez l’allié traditionnel des Etats-Unis qu’est l’Arabie saoudite, a de quoi surprendre, mais elle reflète l’émancipation de cette puissance moyenne à la faveur des bouleversements du monde.

Xi Jinping est arrivé en Arabie saoudite où il a été accueilli beaucoup plus chaleureusement que ce fut le cas avec Joe Biden il y a quelques mois. Il a tenu pendant son séjour un Sommet sino-arabe auquel ont participé 14 chefs d’État, et un autre avec les seuls pays du Golfe. Du jamais-vu pour la Chine dans une région qui vivait, il n’y a pas si longtemps, sous le signe de la pax americana.

C’est aussi un programme exceptionnel pour Xi Jinping qui, après être resté reclus à cause de la Covid pendant plus de deux ans, multiplie les contacts diplomatiques malgré la période complexe que traverse son pays, avec le virage spectaculaire sur le zéro-Covid.

Dans ces conditions il est évident que la différence de traitement entre les Président américain et chinois sera relevée et commentée

En effet, Joe Biden était venu en Arabie saoudite en juillet pour demander aux Saoudiens d’augmenter leurs ventes de pétrole afin de répondre à la crise énergétique provoquée par la guerre en l’Ukraine. Il s’était heurté à un refus des Saoudiens, liés à Moscou par un accord sur les quotas de production.

LE PACTE DU QUINCY, CONCLU EN 1945

Mais on se tromperait à interpréter ces signes comme un changement d’alliance pour le royaume saoudien placé depuis des décennies sous la protection des Etats-Unis. C’est plus complexe, car la garantie de sécurité américaine reste pleine et entière.

On assiste en fait à l’émancipation des puissances régionales, à la faveur des bouleversements géopolitiques actuels.

L’Arabie saoudite en est un bon exemple : elle sort progressivement de son confort stratégique, qui remonte au Pacte du Quincy, conclu en 1945 par le Président Franklin Roosevelt et le roi Ibn Saoud.

Le Royaume a clairement cessé de coller à l’agenda américain. Il a diversifié ses relations, de ses liens encore non-officiels avec Israël, aux accords pétroliers avec la Russie, et surtout à ses relations économiques de plus en plus importantes avec la Chine.

En plein endiguement de la puissance chinoise par Washington, ça peut surprendre : des contrats faramineux ont été signés, notamment concernant la ville futuriste de Neom, pour laquelle le Royaume prévoit d’investir 500 milliards de dollars.

DES RAPPORTS PERSONNELS CORDIAUX

Il faut y ajouter une dimension personnelle : lorsque le prince héritier Mohamed Ben Salman a été mis en cause pour l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, en 2018, il a été initialement traité en pestiféré par les Occidentaux. Le premier dirigeant mondial à le recevoir a été Xi Jinping. Ca marque une relation. Par contraste, Joe Biden a commencé son mandat en refusant de lui parler. Avec la Chine, pas de question sur les droits de l’homme.

Cette tectonique des plaques géopolitiques au Moyen Orient se déroule sur fond de crise majeure en Iran, de retombées de la guerre en Ukraine, et de renaissance de blocs rivaux. L’Arabie saoudite veut tirer le maximum d’avantages de ces bouleversements : le monde d’hier a vécu.

kemebrama@hotmail.com

Source : Radio France, rubrique géo politique Géopolitique

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