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BOLIVIE : LE PRÉSIDENT EVO MORALES A DÉMISSIONNE SOUS LA PRESSION DE LA RUE

C’est un véritable séisme politique en Bolivie. Le président, Evo Morales, au pouvoir depuis près de quatorze ans, a annoncé sa démission, dimanche 10 novembre 2019, après trois semaines d’intense contestation sociale. Une démission qui semblait l’unique issue possible tant le chef de l’Etat était acculé de toutes parts.

«Je renonce à mon poste de président», a déclaré à la télévision le leader indigène de 60 ans, au pouvoir depuis 2006

Au cours de cette journée de dimanche, Evo Morales a été lâché par nombre de ses soutiens et a dû faire face à des démissions en cascade. Dans ce sens, la plupart des ministres et des dizaines de sénateurs et députés ont présenté leur lettre de démission

Et pourtant, le matin même, il avait annoncé la convocation de nouvelles élections pour « pacifier le pays », sans spécifier la date de ce nouveau scrutin, ni s’il s’y représenterait. Mais cela n’avait pas réussi à éteindre l’incendie qui secoue le pays, enfermé dans une des pires crises politiques de son histoire. Il avait même promis de « renouveler l’ensemble des membres du Tribunal électoral suprême (TSE)

 

Au fil de la journée, le dirigeant bolivien s’était retrouvé de plus en plus isolé alors que la crise politique s’accélérait brutalement dans le pays andin, où grève générale et manifestations paralysaient l’activité depuis une dizaine de jours. Le coup fatal a été porté par l’armée et par la police, qui lui ont retiré leur soutien dans l’après-midi, l’appelant à démissionner « pour le bien de la Bolivie ». L’Organisation des Etats américains (OEA) avait demandé dimanche matin l’annulation du scrutin, entaché d’irrégularités selon elle.

Retranché dans son fief politique, la zone de production de feuille de coca de Chimoré, dans la région de Cochabamba, Evo Morales a finalement cédé aux appels au départ en fin d’après-midi. Dénonçant comme une « décision politique » l’appel de l’Organisation des Etats américains (OEA) à l’organisation d’un nouveau scrutin, il a affirmé : « Mon péché (est) d’être indigène, d’être producteur de coca ». Né dans la misère, cet ancien berger de lamas avait gravi les échelons syndicaux jusqu’à devenir il y a 13 ans le premier chef d’Etat indigène du pays.

Le scrutin du 20 octobre avait abouti à l’élection d’Evo Morales pour un quatrième mandat allant jusqu’en 2025, une option pourtant rejetée par la population lors d’un référendum en février 2016. Son score annoncé par le TSE, dépassant de plus de 10 points celui de Carlos Mesa, avait aussitôt été qualifié de frauduleux par l’opposition.

Après sa démission, des milliers d’habitants ont déferlé dans les rues du pays pour célébrer l’annonce, agitant le drapeau bolivien entre rires et larmes après la violente vague de contestation au cours de laquelle trois personnes ont été tuées et 383 blessées.

Troubles à La Paz et à El Alto

Des troubles ont également éclaté dans la nuit à La Paz et à El Alto, une ville proche de la capitale bolivienne : de nombreux autobus du service municipal de transport public de La Paz ont été incendiés ainsi que des domiciles de personnalités, selon les médias locaux.

kemebrama@hotmail.com

Source : le Monde et AFP

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