Le 6 juin 1944, 4266 navires de transport, 722 navires de guerre et plus de 10 000 avions pour la couverture aérienne sont utilisés par les alliés pour aborder les côtes de la Normandie. 156 177 hommes sur un front qui s’étale sur 35 kilomètres. La plupart de ces soldats venus libérer la France de l’occupation nazie sont américains.
Après la guerre, les Américains sont restés massivement déployés sur place. Le stationnement de leurs forces en Europe leur a servi de moyens de pression sur les états concernés. Il existe alors un étrange problème, mélange de paradoxe, ou les gouvernements français en place souhaitent certes la présence américaine, garante de la sécurité d’un pays dont les moyens militaires demeurent bien faibles mais affichent constamment une farouche volonté de préserver la souveraineté nationale.
Un statut de protectorat,
Du reste, dès 1941, Washington avait prévu d’imposer à la France un statut de protectorat, régi par un Allied Military Government of Occupied Territories (Amgot). Ce gouvernement militaire américain des territoires occupés aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie.
A partir de 1942, les Français ont dû céder aux américains leurs possessions coloniales au Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal (importante base aéronavales de Dakar), …
Le 25 août 1944, le général de Gaulle est amené à conclure avec les américains et les britanniques un accord qui confère aux alliés des droits très importants. Le préambule du document signé en août 1944 donne au commandant en chef allié toute latitude pour prendre sur l’ensemble du territoire métropolitain français, les mesures qu’il estimera nécessaires à la conduite des opérations militaires contre l’Allemagne.
Négocier une révision des accords.
Une fois les Allemands vaincus, les français s’efforcent de négocier une révision de ces accords. Le général de Gaulle entend rétablir dans les délais les plus rapides la souveraineté françaises sur les bases et les ports mis à la disposition des armées alliées. Les avantages concédés aux Américains ont abouti à des situations difficilement tolérables au plan de l’indépendance nationale. Les Américains s’arrogent des libertés considérables et se placent aux dessus des lois françaises. Dans une note à l’ambassadeur Caffery le 20 novembre 1946, le ministère des affaires étrangères dénoncent les accords relatifs à la base d’Orly. A port Lyautey, au Maroc, la présence américaine est assimilée à une véritable occupation.
Un accord tenu secret
Mais visiblement les Américains ne sont pas pressés de partir et font traîner en longueur les discussions. Finalement les négociations aboutissent le 1er février 1948 à la signature d’un accord intitulé officiellement : « Accord entre la République française et les Etats-Unis d’Amérique relatif aux facilités accordées aux forces américaines en France en corrélation avec l’occupation de l’Allemagne et de l’Autriche », texte tenu secret à l’époque.
Mais le bout du tunnel était encore loin. En 1954 par exemple, Washington avait menacé Paris de retirer les troupes américaines en Europe, si la France refuse de ratifier le traité de la CED – Communauté européenne de défense. Le CED était un projet de création d’une armée européenne, avec des institutions au-dessus des États, placées sous la supervision du commandant en chef de l’OTAN, qui était lui-même nommé par le président des États-Unis. Le traité sera rejeté par l’Assemblée nationale française le 30 août 1954.
La France décide de quitter l’OTAN
Il y avait 31 000 travailleurs français sur les bases militaires américaines en 1957. En 1966, la France décide de quitter l’OTAN au moment où l’armée américaine est présente sur son sol avec 25 000 hommes.
Comme les faits nous le rappellent, la France a été occupée, elle a eu besoin d’autres pays pour se libérer.
Elle a été obligée de signer des accords de défense défavorables avec plus puissant qu’elle. L’allié ne voulait plus partir. L’allié a proféré des menaces. Mais au nom de sa souveraineté nationale, la France a rejeté les accords et a obtenu le retrait des troupes étrangères.
C’est exactement ce que le Mali essaie de faire aujourd’hui pour se libérer de la France.
Source : Les bases américaines en France (1945-1958). Entre les nécessités de la sécurité et les impératifs de la souveraineté nationale – [article], Patrick Faco.