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NEPOTISME A LA BAD : AKINWUMI ADESINA BLANCHI

M. Adesina, 60 ans, s’est dès le début vigoureusement défendu, rejetant en bloc toutes les accusations et clamant son « innocence ».

Les lanceurs d’alerte qui se présentaient comme des « employés préoccupés de la BAD », ont accusé Akinwumi Adesina d’enrichissement personnel, de favoritisme dans la nomination de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption. Ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.

Des accusations jugées infondées par le panel présidé par l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, faute de preuves.

Yves Ekoué Amaïzo, économiste et directeur du think tank Afrocentricity, se félicite de cette conclusion. Il estime que les Etats-Unis, deuxième actionnaire de la BAD après le Nigeria, et à l’origine de l’enquête, ont échoué dans leur tentative de contrôler l’institution financière africaine.

« Les Etats-Unis sont en train de confondre la Banque africaine de développement avec d’autres institutions: par exemple les Nations unies avec l’Organisation mondiale de la santé où ils ont une grande participation. Ou encore la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, les institutions de Bretton Woods où ils sont aussi très puissants. Du coup, ils veulent faire pression. Mais la Banque africaine de développement est différente. Les Américains, dans tout ça, même s’ils sont le deuxième contributeur, ne peuvent plus faire la loi. Donc, sur le fond, c’est quand même une victoire pour l’Afrique. Parce qu’il n’est pas normal qu’un seul pays puisse décider de l’avenir de cette institution », explique-t-il.

Revoir la gouvernance de la BAD

Pour sa part, Abdoulaye Seck, professeur d’économie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, espère que cet épisode, même s’il est refermé, pourra permettre de revoir les règles de fonctionnement de la Banque africaine de développement.

D’après lui, « ce qu’il faudrait, c’est plus de transparence. Qu’on s’assure effectivement de l’utilisation des ressources qui sont mobilisées. Mais, je crois que le plus important, c’est que dans l’ensemble, l’institution puisse disposer de personnels capables de pouvoir mener à bien leur mission. Mais surtout, d’offrir l’expertise nécessaire pour pouvoir développer des programmes, mobiliser et également mettre sur place des mécanismes d’octroi, d’allocation de ces ressources de façon à pouvoir accompagner les Etats et avoir un rôle important tout au long de leur trajectoire de développement. »

Pour rappel, la gestion du personnel d’Akinwumi Adesina avait causé la démission de nombreux cadres de la BAD, depuis son élection en 2015.

En dépit de cette affaire, l’ancien ministre nigérian de l’Agriculture, âgé de 60 ans, seul en lice, est assuré d’être réélu à l’issue de la prochaine Assemblée générale de la Banque africaine de développement. Car il bénéficie du soutien de son pays, le Nigeria, des autres pays membres ainsi que de l’Union africaine.

Mary Robinson et les deux autres experts, le magistrat gambien Hassan B. Jallow et le Sud-Africain Leonard F. McCarthy, ancien vice-président pour l’intégrité à la Banque mondiale, n’ont pas pu enquêter sur les accusations elles-mêmes, ce qui n’était pas leur mandat.

Créée en 1964, elle compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d’Europe, d’Amérique et d’Asie). Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière.

DW

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