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PR, MORITIE CAMARA:«AUJOURD’HUI, LA DESINFORMATION EST PLUS EFFICACE  QUE LE COUP D’ETAT POUR ACCEDER AU  POUVOIR  »

 Depuis la mort du  Premier Ministre Hamed Bakayoko, les réseaux sociaux bruissent de toutes sortes d’informations : empoissonnement, usurpation du  pouvoir d’Etat par des proches du  pouvoir, assassinats programmés, une litanie de maux à faire douter même les plus sereins.

Au vu de cette situation,   Moritié CAMARA

Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales, a mené une réflexion que nous mettons à  votre disposition

Ndlr : les photos, le titre et les sous-titres sont de la Rédaction de Plume libre.

Le titre initial se présentait comme suit : LA DESINFORMATION COMME ARME DE LUTTE POUR LA CONQUETE DU  POUVOIR

Invité à se prononcer sur les modalités d’accession de Trump au pouvoir, Steve Schmidt qui fut le conseiller de la campagne présidentielle malheureuse de John McCain contre Barack Obama en 2008 assène : « L’effacement des faits au profit de la fiction et de la vérité au profit du mensonge est devenu l’une des caractéristiques de la politique américaine ». Ce que l’on pourrait ajouter à cela, c’est la propagation réussie de cette nouvelle réalité à travers le monde et cela à cause et par le biais d’Internet.

Une stratégie fondée sur la divulgation de fausses nouvelles et de calomnies

En effet, cette stratégie de lutte politique basée sur la divulgation de fausses nouvelles, de calomnies et accusations pernicieuses contre des adversaires politiques sans la moindre obligation de produire des preuves, pouvait difficilement prospérer par le canal des médias traditionnels à cause des filtres et garde-fous déontologiques dans la diffusion de l’information. Son développement est lié et grandement facilité par celui des réseaux sociaux qui permettent à n’importe qui d’atteindre directement un public cible avec ses mots. Toute chose qui explique que plusieurs personnalités réputées outsiders dans des confrontations électorales ces dernières années en sont sorties vainqueurs à la stupéfaction générale.

Trump a utilisé tweeter pour accéder au pouvoir

En effet, si Trump a utilisé Tweeter et le media conservateur Breitbart pour discréditer ses adversaires et se présenter en rédempteur aux américains en 2016, Bolsonaro et Modi eux mettront à contribution WhatsApp pour triompher au Brésil et en Inde. Aux Philippines, c’est Facebook qui a été en première ligne dans la campagne de dénigrement et de diabolisation des adversaires de Rodrigo Durterte qui s’est hissé à la Présidence de la République. Si les Britanniques ont voté pour sortir de l’Union Européenne c’est en grande partie à cause de toute la campagne de haine et de peur alimentée par des Fake news sur les réseaux sociaux par des eurosceptiques comme l’ex animateur de radio et fondateur du parti pour l’indépendance du Royaume Uni, Nigel Farage.

La désinformation est plus efficace que les coups d’Etat

La désinformation et les mensonges ont donc fait la preuve de leur redoutable efficacité en politique au sein de grandes démocraties. Plus efficaces que les coups d’Etat, qui n’ont plus une bonne presse, cette nouvelle arme de destruction politique ne pouvait qu’intéresser sur le continent africain, ceux qui n’ont que l’auto-sacralisation de leur ego comme tout programme à proposer aux populations pour rallier leurs suffrages dans leur quête du pouvoir d’Etat.

Notre pays, la Côte d’Ivoire, est donc en pleine expérimentation de cette stratégie depuis plusieurs mois maintenant. Pour rallier l’opinion publique à leur cause, (qui n’est pas clairement définie en dehors de vouloir s’emparer de l’Etat), certains ont ouvert des officines occultes sur les réseaux sociaux pour divulguer quotidiennement des histoires qui créent et alimentent la suspicion, la division et le doute dans les esprits et cela dans le but de discréditer les gouvernants à moindre frais et pousser les populations à franchir les barrières de sécurité.

Ceux qui fabriquent les fakes news se cachent dernière des avatars

Le mode opératoire est bien huilé et redoutablement efficace. Dans leur croisade pour accéder au pouvoir, ceux qui fabriquent les fakes news se cachent dernière des avatars, laissant le soin à leurs lieutenants, des cyber activistes à demi analphabètes le soin de propager comme une trainée de poudre par des vociférations diffusées en direct sur les réseaux sociaux, leurs mensonges dans l’esprit de leurs milliers de followers qui eux à leur tour inonderont par des causeries dans leurs lieux de vie ces allégations. C’est ainsi que la pédagogie et la didactique de cette méthode sont assurées pour javelliser les esprits naïfs qui finissent par croire à ces affabulations comme on croit en Dieu.

La morale et l’éthique sont abandonnées au profit de l’intrigue et de la manipulation

Ceux qui utilisent l’arme de la désinformation et de la manipulation comme moyen privilégié de combat politique, disent agir ainsi pour l’avènement de la démocratie, ce qui est une arnaque et une imposture. La morale et l’éthique politique restent des commandes imprescriptibles de la démocratie en ce qu’elles garantissent son souffle et ne sauraient donc s’accommoder de telles pratiques détestables et déloyales. Dès lors, en surfant uniquement sur ce qui peut paraitre comme une évidence aux yeux de beaucoup pour discréditer des adversaires politiques, dans la logique d’un procès unilatéral dans lequel le singe apparait forcément comme coupable d’incendie à cause de la présence de taches de brulures dans ses paumes, ces individus révèlent en réalité leur véritable personnalité. S’ils arrivent à se hisser au pouvoir, ils vont immanquablement gouverner – cela s’est vu ailleurs – avec les mêmes procédés faits d’intrigues, de ruses, de manipulations des esprits et de procès d’intention tous azimuts.

Tout est permis pour se positionner

Voici les règles et pratiques que certains dans leurs guerres préventives ou de positionnement pour abattre un rival potentiel ou actuel, veulent instiller et faire admettre dans notre écosystème politique national. Sauf que cela est inadmissible, car une injure à notre intelligence et un frein à l’implémentation de la démocratie et de l’Etat de droit qui ne peuvent s’exonérer de l’observation d’un minimum d’éthique dans les pratiques pour conquérir, gérer et conserver le pouvoir d’Etat. Il convient donc d’affirmer comme un mantra, notre rejet de cette façon de mener la lutte politique chez nous.

Moritié CAMARA

Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales

asriesa2012@gmail.com

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