Ils se sont entretenus lundi après-midi pendant près de trois heures. Les présidents des pays du G5 Sahel étaient reçus à Pau, en France, par Emmanuel Macron pour un sommet consacré à la situation au Sahel.
A l’issue de leurs discussions, les présidents des six pays ont annoncé un renforcement de leur coopération militaire. Comme souhaité par la France, les présidents des pays du G5 Sahel ont clarifié leur position vis-à-vis de l’intervention française dans la région.
Même si aucun des cinq présidents sahéliens ne s’est exprimé sur le sujet lors de la conférence de presse commune, la clarification voulue par Paris a bien eu lieu, dans la déclaration conjointe. Les présidents des pays sahéliens expriment leur « souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel ». Ils plaident « pour un renforcement de la présence internationale à leurs côtés ». Les chefs d’État font également part de « leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par les États-Unis » et souhaitent que cet appui se poursuive, alors que Washington réfléchit à réduire sa présence militaire dans la région.
« Cette action commune, écrivent les présidents du G5, vise à protéger les populations civiles, à défendre la souveraineté des États, à prévenir une extension de la menace terroriste dans les pays frontaliers. » Voilà pour l’aspect « clarification » réclamé par Paris suite à la montée du sentiment anti-français dans la région.
Les chefs d’État déclarent ensuite vouloir « accroître et coordonner leurs efforts en vue d’une solution rapide à la crise libyenne », source à leurs yeux de l’instabilité au Sahel ; les six présidents qui annoncent enfin la mise en place d’un nouveau cadre politique, stratégique et opérationnel, un nouveau cadre baptisé « coalition pour le Sahel » et qui rassemblera les pays du G5, la France et les autres pays partenaires.
Les quatre piliers
Ce nouveau cadre sera structuré autour de 4 piliers : un premier pilier stratégique et militaire, un deuxième qui concerne la formation des armées sahéliennes, un troisième qui traite du retour de l’État et des administrations et un dernier consacré au développement.
Comme annoncé, le premier pilier acte un recentrage des opérations militaires sur la région des trois frontières entre le Mali, le Burkina et le Niger, là où se concentrent les attaques. Notamment celles de la katiba jugée comme étant la plus dangereuse : l’État islamique au grand Sahara.
L’objectif militaire, c’est la zone des trois frontières.
C’est un commandement conjoint Barkane/G5 Sahel qui dirigera les opérations. Dans ce cadre, les forces spéciales européennes, désormais baptisées « Task force Takouba », seront intégrées à Barkhane. La force française, elle, sera renforcée sur place : 220 soldats supplémentaires viendront s’ajouter aux 4 500 déjà présents dans la région.
La force Barkhane ne se dispersera plus. À présent, son objectif est de devenir une force de réaction rapide au profit des armées locales. Partager à la fois le renseignement et les missions, au sein d’une coalition la plus large possible incluant également la force Takouba.
La doctrine tactique de Barkhane change et le concept de temps long semble, lui aussi, révolu. Paris a fixé un horizon à son engagement au Sahel. En juin prochain à Nouakchott, le G5 se réunira de nouveau et, cette fois, prévient Emmanuel Macron, des progrès tangibles devront être constatés.
Le président français est également revenu sur le sentiment anti-français qui s’est exprimé dans la sous-région. Et il a adressé une mise en garde : « À chaque fois qu’un État demandera à l’armée française de ne plus être là, nous le quitterons », a déclaré Emmanuel Macron.
Notre seul intérêt, c’est la lutte contre le terrorisme et la stabilité et la souveraineté des États où nous sommes présents… Donc, les discours que j’ai pu entendre ces dernières semaines sont indignes. Indignes ! Et ils sont combattus avec beaucoup de fermeté par vos dirigeants, je les en remercie,
Par Pierre Firtion Publié le 13-01-2020 Modifié le 13-01-2020 à 12:01