Le gouvernement ivoirien a décidé mercredi de la suspension des manifestations sur la voie publique, mais autorise seulement les rassemblements dans les enceintes closes jusqu’au 15 septembre 2020.
Tirant les conséquences du bilan humain et matériel des dernières manifestations politiques dans le pays et des risques d’ouverture de poches de conflits communautaires, le Conseil a décidé de « la suspension des manifestations sur la voie publique », a dit Sidi Touré, porte-parole du gouvernement. Toutefois, soulignera-t-il, que sont autorisées seulement les rassemblements des les enceintes closes ou des espaces dédiés sécurisés. Et, « cette mesure prise dans le cadre de l’état d’urgence en cours est effectif ce jour jusqu’au 15 septembre 2020 ». Le porte-parole du gouvernement ivoirien a ajouté que cette mesure s’exécutera dans le strict respect des mesures barrières liées à la pandémie de la Covid-19 et « bien-sûr après autorisation des autorités compétentes ». Le bilan provisoire au plan national des récentes manifestations fait état de « six décès, 173 blessés environ 1500 déplacés internes, 69 personnes interpellées ainsi que de nombreux dégâts matériels », a fait savoir M. Sidi Touré. Il a assuré qu’ à ce jour, les actions des forces de sécurité pour rétablir l’ordre ont abouti à une baisse de la tension après les heurts enregistrés à travers une série de manifestations caractérisées par plusieurs incidents et débordements. Ces heurts, déplorera-t-il, ont occasionné des « affrontements intercommunautaires d’une grande ampleur à Daoukro et dans une moindre mesure à Gagnoa », ainsi que des atteintes aux symboles de l’Etat avec l’incendie d’un commissariat à Bonoua et des destructions de biens publics et privés. Ces derniers jours, plusieurs individus se réclamant de l’opposition sont descendus dans les rues, à travers le pays, pour protester, selon eux, contre un « troisième mandat » de Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. L’éligibilité du chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, alimente le débat politique ces dernières semaines. Alors que le camp présidentiel soutient que la Constitution de 2016 institue une IIIe République et remet le compteur à zéro, l’opposition évoque une continuité législative.